INTRIGUE D'HALLOWEEN #6 : 30 club

Ils devaient tous se retrouver pour boire un verre, rare soirée off pour la jeune adulte déphasée. Cass se sent bien ce soir, pour une fois sans tenue de servante. Le bleu criard et le rose bonbon oubliés et laissés au placard, à la place un short un peu long, un peu écorché sur les bords, et une veste de cuir, le look quoi. Cils noircis au charbon et khôl qui agrandit le regard céruléen, poupée rockeuse. Sans rouge à lèvre pour pas trop en faire. Cass est assise au bar avec les potes et Mayella, amie d'amis qu'elle ne connaît que trop peu et avec qui ça n'a pas trop accroché. Trop différentes peut-être, ou tout l'inverse, sans doute, même si ça elle ne peut s'en douter. Elle profite la serveuse qui pour une fois n'en n'est pas une. Juste une fille normale qui pourrait aller à la fac, parler « copain » et tout le tintouin, comme si c'était facile de faire confiance et d'aimer, de trouver le bon comme ils disent tous. Il y a bien Caleb, il y a bien lui, mais Cass ne veut pas y penser, ça la terrorise, ça l'angoisse un peu trop. L'idée même qu'elle pourrait être heureuse ? Non. Pas pour elle, elle s'est faite une raison. Tout ce que la belle peut demander, c'est profiter de ces quelques instants de pseudo-normalité quand tout les soucis sont loin derrière, ailleurs. C'est pour ça qu'elle adore sortir ailleurs que dans le Bronx.

Ce soir c'est Halloween, demain il y a personne qui travaille et Dan a eu la gentillesse de lui laisser sa soirée. « Pars, profite, vis, ma belle » qu'il lui a dit en ébouriffant ses cheveux d'avoine, geste tout aussi caractéristique de leur relation que paternel. Elle donne le change dans ses vêtements achetés au rabais dans d'obscures friperies ; elle joue et prétend, elle fait comme si. Il y a John et Diana qui se disputent encore dans un coin du30 Club, par chuchotis interposés. Cela leur aura pris seulement vingt-cinq minutes cette fois. « Ils arrêtent jamais ! » qu'elle lance à @Mayella Milburn, seule interlocutrice encore assise sur la table tandis que les autres sont partis faire une partie de fléchettes. Cass tente de faire la conversation, avec cette grâce – ou plutôt cette absence de grâce – qui lui ressemble tellement. « A se demander pourquoi ils restent ensemble si c'est pour passer leur vie à gueuler. » Pessimiste ? A peine. Elle échouera peut-être lamentablement à tisser des liens, mais au moins on ne pourra pas dire qu'elle n'a pas essayé !