pancakes & sound advice | dasha & chris

Dasha est levée du bon pied, avec un smoothie survitaminé et le soundtrack d’Hamilton pour la réveiller. Elle jette sa chevelure de rêve par dessus son épaule et continue son playback, avant de rire joyeusement, face caméra bien sûr. L’Iphone tourne, posé sur un trépied au milieu du comptoir de la cuisine. Maintenir ses réseaux sociaux à jour est important, publier des stories Instagram est un bien meilleur moyen de contrôler son image que de vendre ses propres photos aux paparazzis. On est plus en 2006. La blonde s’est très vite adaptée aux nouvelles technologies et elle adore pouvoir être le centre de l’attention, choisir ce qu’elle poste, quand, comment. C’est bien mieux que les sorties orchestrées que sa mère lui faisaient faire à l’époque et c’est bien plus drôle que de devoir réfléchir à un Tweet drôle et pertinent d’exactement 280 caractères. Et elle sait pertinemment que son charisme passe bien mieux en vidéo qu’à l’écrit, aussi Dasha calibre soigneusement son Instagram, meilleur outil de promotion de 2018. Et les fans de Broadway adorent.

« Coucou tout le monde, j’espère que ça vaaaa ! Alors je voulais vous montrer un peu ce super appart et du coup, vous voyez aussi un petit bout de ma routine du matin. » Petit rire léger. « Bon, j’ai pas montré mais j’essaie de faire des petits étirements au réveil, je me douche tout ça. Et après, des fruits mixés et un bon bol de muesli, c’est la base. Et évidemment, des comédies musicales en fond sonore ! Là c’est Hamilton, of course, je m’en lasse vraiment pas. Par contre je n’écoute jamais les chansons de ce que je suis en train de jouer, ce serait un peu too much, quand même. » Elle soulève le téléphone et pointe la caméra vers le décor. « Voilà, la cuisine, la pièce de Chris évidemment, c’est le roi des petits plats... » Alors qu’elle continue son petit tour, elle tombe justement sur son colocataire dans le salon. « Ah bah tiens, quand on parle du loup. Chris, dis bonjour, t’es sur mon Insta. » Passage à la caméra frontale, c’est plus personnel. Dasha vient se planter à côté de son coloc et lui passe un bras jovial autour des épaules. « Aloors, c’est comment de m’avoir comme coloc Danny? »

Moment gênant, Laura vient de claquer la porte dans un vacarme assourdissant. Lexie affiche une mine innocente, enroulée dans son peignoir le plus confortable. Mais Chris quant à lui ne sait pas vraiment si il doit courir après la jeune femme, ou si il doit se contenter de brancher son ordinateur à la prise HDMI la plus proche pour continuer un énième rewatch de ses sitcoms préférés. Visiblement ses relations avec la gente féminine sont compliquées ces temps-ci. Et dans son esprit ce n’est évidemment pas lié au fait que Lexie et lui continuent de vivre ensemble et de regarder Netflix à moitié habillés dans sa chambre avec deux tasses de thé fumantes.

La brosse à dent de la blonde traîne toujours dans sa salle de bain, de même que ses quelques masques au concombre d’ailleurs. Les habitudes sont les plus difficiles à perdre, et les meilleurs amis ont bien du mal à redonner un semblant de normalité à leur relation. Ces quelques semaines ne sont qu’une erreur de passage, un mauvais calcul, il serait dommage de remettre en cause une si belle amitié, et pourtant, les choses sont bien plus bizarres qu’ils ne veulent bien l’admettre. Peut être qu’il aurait dû courir après Laura finalement.

Il soupire et rejoint la cuisine pour préparer le petit déjeuner. C’est un peu sa corvée à Christopher, mais il fait les latte comme personne. Sur son passage, il croise Dasha en plein tournage de son vlog. Chris proteste un peu. “Laisse moi me coiffer un peu, tu vas détruire un mythe Burton.” Chris sourit cependant après avoir arrangé sa crinière dorée de sorte à conserver sa réputation. “C’est un enfer obviously, tu me laisses même pas passer à la salle de bain avant de me filmer. J’espère que vous aimez les pancakes, parce que Dasha a très envie de partager sa meilleure recette.” Il abuse un peu. Il a tout a fait eu le temps de passer à la salle de bain en réalité.

Christopher est adorable, évidemment. Il va faire grimper les vues avec ses petites blagues en plus. « Tu es beau comme tout, t’en fais pas. Pas vrai les gars? Commentez si vous trouvez que ses cheveux sont très bien. » Dasha esquisse un clin d’oeil aux spectateurs mais son cher colocataire n’en rate pas une pour essayer de l’embarrasser. Autant, dans un environnement contrôlé, quelques photos d’elle cuisinant seraient du plus bel effet. Mais elle n’a pas spécialement l’intention de rater quelque chose d’aussi élémentaire qu’un pancake mix. Et même si la blonde s’améliore, ce n’est pas exclu. Elle redresse donc la barque et reprend le cours de SA story, merci bien. « Haha très drôle, on va éviter de mettre le feu à la cuisine hein. Mais je t’aide si tu veux ! Et du coup, je vais vous quitter les amis, j’aurais besoin de mes deux mains pour cuisiner. Merci à tous pour votre soutien et souvenez-vous, Grease ouvre très très bientôt. Lien au dessus pour les tickets. On vous aime fort, merci encore ! » Elle laisse Chris faire ses adieux aux fans dévoués qui la suivent assidûment et éteint l’enregistrement.

Il lui a bien semblé entendre un bruit un peu sourd en fond de sa première prise, mais hors de question d’interrompre ses interactions avec les internautes. Et elle ne comprend pas bien l’air éberlué de son coloc, qui certes n’a pas le cheveu fabuleux au réveil mais est généralement moins confus. C’est en partie ce sentiment que quelque chose cloche qui lui fait couper court à son petit déballage de vie bien calibré. « Tu vas vraiment faire des pancakes? Parce que je suis chaud hein. Mais j’ai entendu une armoire tomber ou quelqu’un a claqué la porte tout à l’heure? » Elle connaît la réponse et a comme un pressentiment que ça a un rapport avec l’étrange situation dans laquelle Chris et Lexie vivent. La jeune actrice n’est peut-être pas la plus douée en relations personnelles, mais même elle sait que vivre avec son ex, c’est bizarre. Quoiqu’ils en disent.

Chris offre un sourire ultrabrite à la caméra, ravi d’avoir pris le temps de se recoiffer avant de se diriger mollement vers la cuisine pour préparer le petit déjeuner. Le blond n’a ni twitter, ni instagram, ce qui peut être parfois frustrant pour ses admirateurs, qui apprécient probablement de pouvoir visiter son intérieur par l’intermédiaire de sa co star peu discrète.

Enfin, toujours est-il que la blonde se décharge subtilement de la responsabilité de la cuisine, ce qui incite Chris a envoyer un baiser à ses fans pour sortir le paquet de farine dans la joie et la résignation. Ce qu’il n’attendait pas en revanche, c’était qu’elle s’intéresse au départ précipité de Laura. Les portes qui claquent sont pourtant assez fréquentes dans une colocation constituée exclusivement de comédiens. Il hausse une épaule feignant la décontraction pendant qu’il casse six oeufs dans le saladier.

Tout en mélangeant énergiquement 500 grammes de farine avec 1 litre de lait végétal parfumé à la noisette, il finit par expliquer : “Tu te souviens de Laura ? Elle a malencontreusement croisé Lexie en peignoir avec son masque au concombre. C’est assez mal passé tu t’imagines bien.” En même temps, Chris ne peut pas vraiment s’excuser de vivre avec trois jolies colocataires. D’ailleurs en dehors de sa courte aventure avec Lexie, la colocation a été plutôt épargnée niveau drame. Il fallait probablement que ça change. “Enfin, c’est pas pire que la dernière fois où t’es entrée par effraction dans ma salle de bain pendant que Jess prenait sa douche. C’était aussi mal passé ça aussi. Je suppose que pour sortir avec moi you have to be able to cope with cray.” Il sourit et ajoute une cuiller de sirop aromatisé à la vanille pour parfumer la pâte.

Chris étant le colocataire parfait - dans le sens où elle n'est pas sexuellement attiré par lui et qu'il a de supers suggestions Netflix - se lance vraiment dans la concoction de pancakes matinaux. Pas exactement le muesli plein de fibres qu'elle s'impose habituellement, mais la blonde s'autorise joyeusement cet écart. Son corps de rêve est 80% du à la génétique et son métabolisme, 15% au sport et à l'alimentation et 5% à sa chirurgie du nez. Dasha tire donc sur son petit short rose, histoire de ne pas exhiber son fessier et se hisse sur le comptoir de la cuisine. Elle laisse l'odeur de lait à la noisette chatouiller ses narines pendant que Christopher s'affaire, ne proposant évidemment pas de l'aider. Il sait ce qu'il fait, elle ne ferait que se mettre en travers de son chemin.

Il n'a pas l'air très enthousiaste, sûrement parce que ce bruit sourd et sa mine un peu moins joviale que d'ordinaire n'ont rien à voir avec une chute de meubles. Je hoche la tête à sa question et le laisse parler, me souvenant très bien de la charmante Laura. Elle riait un peu fort, mais elle avait l'air sympa. Toutefois, son temps est visiblement révolu. Voilà qui fut bref. L'actrice hausse un sourcil, sa mine critique légèrement exagérée. Certes, elle n'aurait pas dû traverser sa chambre pour squatter la salle de bains sans demander. Mais là n'est pas le problème.

« Ugh, tu sais que le problème, ce n'est pas que tu vives en coloc avec deux bonasses un peu tarées? Le vrai problème, c'est que tu ne dois clairement pas le préciser à tes conquêtes, déjà. » Paume tendue devant elle dans un geste un rien dramatique, jeté de cheveux, Dasha sort sa panoplie de bonne copine qui t'apprend la vie. « Sérieux, elles ont toujours l'air super étonnées de voir que tu ne vis pas seul, tu leur dis que t'es en coloc au moins? » Lui laissant à peine le temps de souffler, la blonde ajoute « Et puis, en coloc avec deux filles, faut annoncer mais l'une d'elle est mon ex, c'est LE truc à divulguer direct pour pas avoir de problèmes. Je veux dire, ces filles, c'est que du sexe, non? Si tout le monde est informé, tu t'éviteras des problèmes. » Elle conclut en haussant les épaules, l'air de ne pas y toucher, mais n'en pensant pas moins. Même si elle a déjà expliqué une bonne partie de sa pensée, Dasha pourrait continuer un moment sur cette histoire.

Chris secoue la tête, il n'est absolument pas d'accord avec Dasha. Le fait qu'il vive avec deux jolies filles ne devrait pas jouer un rôle dans l'équation. Il est célibataire, ne couche avec aucune d'entre elle, pas en ce moment en tout cas, alors il ne voit pas en quoi ça devrait déranger une gentille inconnue rencontrée dans un bar. Le fait qu'ils passent la nuit ensemble, et même qu'ils s'apprécient suffisamment pour avoir envie de se revoir ensuite ne l'engage en aucun cas, et ne devrait pas changer son mode de vie pour une étrangère, et très certainement pas s'en excuser. L'amitié entre homme et femmes existe et il serait temps que les gens s'en rappellent avant de reprocher à leurs conquêtes d'avoir des amies. Cela est d'autant plus risible que Chris n'est pas uniquement intéressé par les femmes. A ce compte là, autant l'empêcher d'être en colocation tout court. Si il y a d'ailleurs un détail qu'omettent facilement ces gens, c'est bien que vivre avec quelqu'un réduit considérablement l'envie de lui sauter dessus, si tant est qu'elle ait existé. Lorsque Chris débouche la douche d'une quantité ridicule de cheveux blonds, il est loin d'être attiré par Lexie, loin de là. « C'est ridicule, j'ai pas envie d'entrer là dedans. Je dis que je vis avec deux amies ce qui est le cas. Le fait que vous soyez sexy toutes les deux ne veut pas forcément dire qu'on a tous très envie de se sauter dessus. On aurait pas besoin d'aller chercher ailleurs sinon. Les gens ont des insécurités, mais ce n'est pas vraiment mon problème non ? Je vais pas demander à Lexie de déménager pour une mauvaise idée de trois semaines à tout casser ? On est amis, c'est tout. » Chris secoue la tête. « Pourquoi les gens prennent ça à cœur directement ? Je veux dire on se connait pas. C'est pas comme si on allait emménager directement ensemble après un verre ? »

Boys. Dasha lève les yeux au ciel devant l'incapacité chronique du genre opposé à ne pas comprendre des choses pourtant simples. Clairement, Chris a raté la leçon numéro un pour une vie sexuelle épanouie : communiquer. Personne ne peut monter sur ses grands chevaux si toutes les cartes sont sur la table dès le départ. Et jouer les hypocrites à coup de grands discours sur la projection de ses problèmes sur les autres et que, vraiment, ce n'est pas de sa faute si les filles qu'ils ramènent à la maison ne comprennent pas son mode de vie. A d'autres.

Elle ne se laisse d'ailleurs pas démonter, replace une mèche derrière son oreille et prend son petit ton faussement patient qu'elle a adopté avec les journalistes plus d'une fois. « C'est pas ce que j'ai dit, d'une. Personne parle de se marier, avoir beaucoup d'enfants et se raconter nos secrets les plus sombres. De deux, un petit "hey, full discolure, j'ai deux colocs un peu envahissantes," ça ne mange pas de pain et ça évite les mauvaises surprises pour tes conquêtes, c'est tout. » Sans gêne, elle prend la cuillère délaissée par Christopher et picore consciencieusement la pâte qui y est restée collée. Mais la blonde est loin d'en avoir fini.

« Genre imagine, tu vas chez quelqu'un, tu passes une bonne soirée et tu te réveilles la tête dans le guidon et tu vois le plus beau mec qui soit, torse nu dans le salon ou une fille super canon en nuisette transparente. Tu tiquerais peut-être un peu, un jour où tu te prends pas pour un coach en relations personnelles et où t'as pas bu ton café? » Devançant ses objections, elle ajoute. « Et de trois, c'est juste la moindre des politesses de préciser qu'on vit pas tout seul, tout le monde est pas forcément motivé à croiser des inconnus au réveil, c'est tout. » Des leçons de savoir-vivre, venant de Dasha, quelle ironie. Evidemment, il y a une dernière petite chose, qu'elle ne peut s'empêcher de glisser. « As for the Lexie thing, it's more of a fifth date kinda talk, I'll give you that. » Estimant l'essentiel dit et ne doutant pas que son colocataire aurait à contester, elle se remet à lécher la spatule avec enthousiasme, de plus en plus emballée par ses pancakes matinaux.

Dasha ne l'écoute pas, et comme d'habitude elle pense avoir raison et s'emballe. Si il était caractériel, nul doute que leur relation serait bien différente de celle qu'ils entretiennent aujourd'hui. Alors avant même qu'il ne la laisse continuer son monologue il se permet d'ajouter tout de même avec un semblant d’irritation difficile à camoufler. « Ce n'est pas ce que j'ai dit non plus. », détail bien vite ignoré par sa colocataire qui commence à énumérer des points supposés le convaincre et dont le but (tout à fait critiquable) reste ni plus ni moins de lui faire la morale en bonne et due forme. Connaissant Dasha, mieux vaut la laisser parler et argumenter ensuite, elle ne l'écoutera pas de toute façon. « Tu as parfaitement raison et c'est pour cela que je te dis que je lui ai précisé que je vivais avec deux amies. Je trouve ça simplement ridicule de devoir préciser que vous êtes toutes les deux des bombes pour éviter un drame. Ce n'est pas très féministe si tu veux mon avis. Des amies sont ce qu'elles sont, des amies, et je ne vois pas pourquoi il faudrait que les décrive physiquement à une parfaite inconnue. » Il hausse une épaule. Il n'a pas envie de s'attarder plus que cela sur ce genre de discussions avec Dasha. Vlogger pour les fans est hautement plus productif et relaxant que de parler de tout ça, surtout si cela doit dériver sur le sujet Lexie, beaucoup plus complexe par essence...

« Mais merci pour tes conseils, je prend note, même si tu as tendance à oublier que malgré ma vie sentimentale bien remplie, je ne joue pas forcément dans la catégorie fuck boys avec les gens avec qui je sors. » Ce qui est un peu vexant, mais soit. Il est grand temps de changer de sujet. « Avoue tout de même que les gens sont très chiants, jaloux, et possessifs et que c'est une maladie encore difficile à éradiquer en 2018. C'est tout ce que je suis en train de dire Dash, Lexie en sait quelque chose d'ailleurs. » Raison de la fin de leur courte relation d'ailleurs.

Evidemment, Chris comprend tout de travers. C'est souvent le cas avec les garçons. Mais bon, comme ils sont sur la même longueur d'ondes à la sortie, Dasha prend raisonnablement le parti de ne pas insister d'avantage et se contente de penser que le mérite lui revient. Elle a réussi à faire un peu entendre raison à son cher colocataire, qui pensait la même chose qu'elle depuis le début. Mais c'est tout de même un succès. Il en faut peu pour être satisfait dans la vie, quand votre esprit fonctionne comme celui de Miss Burton.

« C'est pas tout à fait ce que j'ai dit encore une fois, mais soit, c'est l'idée. » Néanmoins, son ami a visiblement pris la mouche. Suffisamment pour que même la blonde le remarque, elle qui est passée à côté des sous-entendus d'une conversation des centaines de fois. Peut-être est-ce parce qu'elle n'écoute pas la plupart des gens parler et ne se préoccupe - réellement - du bien être que d'un nombre limité d'individus. Et Chris est assez haut placé sur la liste de ces heureux élus.

La comédienne bondit donc de son perchoir pour enlacer son collègue avec fougue, manquant au passage de lui faire renverser son bol de pancake mix. « Honey I would never call you a fuck boy. Never ever! » Elle le relâche enfin, qu'il puisse respirer un peu. « Tu es l'opposé d'un fuckboy, tu es gentil, attentionné et tu as des dents parfaites. » Détail important, synonyme d'une bonne hygiène de vie et de quelqu'un qui a les moyens de s'offrir une bonne assurance santé. « Et ce serait bien que tu mettes toutes les chances de ton côté pour trouver quelqu'un et lui laisser le temps de t'apprécier. » Elle s'autorise un clin d'oeil, avant de rapidement rebondir sur le dernier point soulevé par Chris, autrement plus croustillant. « Et je suis 100% d'accord avec toi, I don't have time for people who aren't on my level and have negative vibes. But I'm also the most single girl in the lower east side, so... »

Dasha ne sait pas exactement quelle conclusion il faut en tirer, puisque ça ne l'a jamais chagriné plus que ça. Mais clairement, son attitude no bullshit and no compromise en ce qui concerne la jalousie et les gens trop collants n'est pas la recette gagnante pour filer le parfait amour. Si tant est qu'il existe un parfait amour et ça, elle en doute assez fortement.

Avoir le dernier mot c'est important pour Dasha et Chris lui concède en levant simplement les yeux au ciel. Il sait très bien qu'elle ne l'a pas insulté, il lui expliquait simplement son ressenti par rapport à la tournure maladroite de sa phrase, car comme tout humain normalement constitué, Dasha n'est pas d'une grande finesse vingt quatre heures sur vingt quatre. Enfin, le blond se tient à son changement de sujet qui lui évitera de s'éterniser dans une conversation longue et sans grand intérêt pour la suite. Le sujet Lexie est à éviter, ne serait-ce que parce que les récentes disputes entre les deux blondes ne sont pas pour servir l'objectivité suprême de Dash. « Je ne suis pas pressé de rencontrer quelqu'un. J'ai le temps pour ça. Je veux juste éviter de m'enfermer dans une relation qui ne m'apportera que du négatif. J'ai envie de quelque chose de sain, c'est tout à mon honneur je pense. » Trop de gens pensent que passion rime avec tensions, mais ce n'est pas le cas de Chris. Les relations toxiques ne l'intéressent pas, et il a assez ramassé Lexie pour savoir que cela ne se termine que très rarement bien pour qui que ce soit. Si il doit trouver quelqu'un, il tient à ce que ce soit quelqu'un de bien dans ses baskets et de respectueux. Si ça fait de lui quelqu'un de chiant, alors ainsi soit il. Le drama est de ce point de vue beaucoup mieux lorsqu'il reste sur scène, même si en toute honnêteté, ça ne l'empêche pas d'être extrêmement dramatique à ses heures. Disons qu'il déteste être abandonné par ses colocataires lorsqu'il a cuisiné, mais il estime que c'est la moindre des politesses. « Et toi, tu leurs dit à tes rencards que tu me piques constamment ma salle de bain ? »

Le petit discours de Chris résonne avec sa colocataire, qui est tout à fait dans le même état d'esprit. Enfin, Dasha elle ne cherche pas à rencontrer quelqu'un du tout. Elle cherche à s'envoyer en l'air à l'occasion, apprécie d'avoir des gens avec qui aller au cinéma ou au restaurant avec qui elle peut échanger quelques étreintes, mais ça s'arrête là. La perspective de partager toute son intimité, de tomber follement amoureuse et d'avoir un être aimé, une moitié, ça ne l'a jamais emballée et ça lui déplaît même à mesure qu'elle vieillit. Créer des connexions, c'est important, évidemment. Mais ça ne veut pas dire qu'il faut trouver un futur partenaire de vie à qui passer la bague au doigt. Enfanter, n'en parlons même pas.

Chris l'arrache à sa réflexion sur les rapports amoureux d'une question taquine, qui lui arrache un franc sourire. « Haha, tu sais, je les ramène rarement ici. Mais si c'est des gens que je fréquente un peu régulièrement, dans ce cas oui, je lui dis que je vis avec ma co-star et son ex, ça occupe bien la conversation en général. » Elle lui tire la langue malicieuse, puis trempe son petit doigt dans la pâte à pancakes. « Hum, ça m'a l'air bien bon tout ça, tu nous les fais? »

Battant des cils, elle s'adosse au plan de travail et reprend la conversation comme si de rien était. « Et je suis d'accord avec toi, tu sais. Les rapports toxiques, c'est du temps perdu et de l'énergie gaspillée. Je dis toujours, il faut s'occuper de soi, être ouvert à ce que l'univers nous offre et puis c'est déjà pas mal. Si ça implique de croiser des personnes qui viennent nous enrichir tant mieux, sinon, adios. »

Derrière cette crinière blonde et sa désinvolture perpétuelle se cache une certaine philosophie de vie dont plus d'un pourrait prendre de la graine. On ne grandit pas à Hollywood sans en tirer soit une dépression et un come back en fanfare, soit un recul très zen sur l'existence. « Genre moi ça m'intéresse pas d'aller élever des chiens et des enfants en banlieue tu vois et si c'est l'idéal de l'amour, ça m'intéresse pas tellement. Et tout se dire, tout partager, être en symbiose, ça me vend pas du rêve non plus. Tu vois ce que je veux dire? » Dasha n'est pas tout à fait certaine de savoir elle-même, mais nul doute que Christopher sera plus clairvoyant.

Chris ricane un peu, au moins il occupe les conversations des autres. Autres qui se moquent probablement gentiment de sa situation, mais après tout qui serait-il pour les en empêcher ? Il est vrai que peu d'ex continuent à vivre ensemble après une séparation. Quand la relation en question n'a pas survécu aux deux premières semaines, il est cependant tout à fait logique d'envisager l'idée de faire comme si il ne s'était rien passé. Oui ils sont sortis ensemble, ce n'est pas pour autant qu'ils doivent être cons et foutre en l'air leur belle amitié. Jusqu'à preuve du contraire, tout se passe très bien dans la colocation. On ne cherche pas ici à faire un remake raté d'How I met your mother, et Chris n'est pas jaloux des conquêtes de Lexie. Pas vraiment en tout cas. « Je suis ravi de participer à amuser tes amants. C'est un plaisir pour moi de rendre service, tu sais bien. » Il lui adresse un sourire amusé, et se remet à la préparation de ses pancakes. Lorsqu'elle met son doigt dans la pâte, Chris ronchonne légèrement. « Tu t'es lavé les mains avant toucher à mes pancakes ? Enfile un tablier et aide moi si tu veux. Je suis sûr que tu pourrais apprendre plein de choses. Et puis je pourrais tomber malade, cela voudrait dire plus de homemade brunch le dimanche matin. » Il sort une crêpière offerte par sa mère et commence par ajouter une noix de beurre.

Lorsque les relations toxiques sont évoquées, il acquiesce tout en restant très concentré sur sa première crêpe, la plus critique pour beaucoup de gens. « Je crois que je vois ce que tu veux dire. Mais dis moi plutôt ce qui te vend du rêve Dash ? » Il la questionne assez intrigué. Chris n'est pas si exigeant. Il s'imagine rencontrer quelqu'un de sympathique et fidèle avec qui plaisanter, passer des bons moments, partager des choses. En banlieue ou ailleurs, il s'en fiche un peu. Quelqu'un de gentil et pas trop prise de tête ferait honnêtement l'affaire. La plupart des gens sont malheureux parce qu'ils ne savent pas apprécier ce qu'il y a de bien dans leur vie. Sans chercher la symbiose étouffante, une connexion et un véritable plaisir d'être ensemble rendrait heureux n'importe qui. Enfin en théorie...

Dasha lève les yeux au ciel devant la maniaquerie de son colocataire et son désir de toujours vouloir lui apprendre des choses. Elle est bien trop jolie et trop riche pour s'amuser à apprendre à faire à manger à son âge. Non, elle comptera sur son coloc et sinon, les nombreux services de livraison et les milliers de food trucks, restaurants, fast foods, pubs, vendeurs de hot-dogs et autres sandwicheries que leur merveilleuse ville a à offrir. Elle se contente donc d'un sourire radieux et décline, plus ou moins poliment. « Noooon, je ne voudrais pas gâcher et tu as l'air d'avoir les choses bien en main. Puis si tu venais à tomber malade, j'irais bruncher à Greenwich. Ca sera pas pareil, mais je survivrai. »

La discussion dérive alors sur leur philosophie de vie et d'amour, vaste sujet à aborder autour de crêpes matinales. Et Chris prend un peu la blonde de court en l'interrogeant sur ses rêves. Voilà quelque chose qu'on ne lui avait pas demandé depuis longtemps. Dasha n'a eu qu'un rêve, toute sa vie, celui de réussir sur scène et au cinéma et elle a tout accompli avant sa majorité. A partir de là, difficile de se projeter encore plus haut, encore plus loin. Quant au reste, elle n'a jamais eu le temps de s'arrêter pour y réfléchir. Ou plutôt, ne l'a pas pris. Alors, une fois n'est pas coutume, la comédienne reste un instant sans voix. Elle se penche un peu sur le côté, observe son colocataire retourner ses crêpes d'une main experte et finalement, trouve les mots.

« T'en poses de ces questions Chris. Mais, je sais pas, je voudrais juste continuer à être heureuse, travailler, avoir des amis sur qui je peux compter, une garde-robe bien pleine et un compte en banque pas trop vide. Et je voudrais jouer Evita et Glinda, un jour. Avant de devenir vieille et flétrie et, à ce moment là, je partirai sûrement vivre sur une île des Caraïbes avec un jeune homme beaucoup trop jeune pour moi. Que je tromperais avec la serveuse du bar à cocktails. » Elle rit, oscillant entre sincérité et refus de trop s'épancher sur la question. Ses ambitions n'ont rien de très personnelles, Dasha l'admet volontiers. Elle souhaite être bien entourée, de gens comme Chris par exemple, mais sinon, elle se moque bien de qui peut entrer ou sortir de sa vie. Un peu blasée ou un peu craintive, sous ses airs confiants et son panache. « J'aspire à des choses simples quoi. Bon, belles et un peu luxueuses. Mais simple dans l'idée, on va dire. » Elle s'interrompt finalement et renvoie lâchement la balle au blond. « Et toi Christopher, à quoi tu rêves, quand ce n'est pas de moi et de Grease, bien sûr? »

Chris ricane, se lever pour bruncher, encore faudrait il que la dame ne passe pas autant de temps dans la salle de bain. A ce rythme elle arriverait probablement après le service et ne pourrait pas profiter des mêmes offres. Chris ne la taquine pas cela dit et lui offre à l'inverse un joli sourire amusé. Le blond aime passer du temps dans la cuisine, il ne va pas mentir, c'est une activité qui le détend, d'autant plus qu'il le fait pour ses colocataires. Il ne mettrait probablement pas autant d'énergie dans l'activité si il cuisinait seulement pour lui, mais faire plaisir à ses proches a toujours été une grande priorité. Dépendant affectif à ses heures, ce goût pour la cuisine est sûrement lié à son intense besoin de reconnaissance. « Très bien, laisse moi faire, c'est sûrement beaucoup plus safe en fait. » Il lui donne un petit coup de coude taquin et se met à la cuisson d'une quantité de pancakes faramineuse. Assez pour nourrir tout un tas de hipsters comédiens de Broadway en tout cas.

Lorsque Dasha se met à détailler sa vie rêvée, Chris ne s'attend pas à autant de détails. Sa question qui portait à la base sur la relation idéale, vient de prendre une toute autre ampleur et le blond hausse un sourcil impressionné devant un programme aussi chargé. « Rien que ça ! » Il commente alors avant d'ajouter. « Moi aussi je rêve de jouer Glinda, je connais le rôle par cœur pour l'avoir joué pour Anna lorsqu'elle répétait Elphaba. » Un rôle de composition pour Chris, même si cela nécessiterait de revisser le musical, ce que les grosses productions ne sont pas toujours prêtes à faire, même pour dépoussiérer des grands classiques. « Tu as plus de chances de l'obtenir que moi cela dit. » Il hausse un sourcil et lui propose une des crêpes déjà cuites. « Qu'est-ce que tu veux dessus ? Also, personne ne m'appelle Christopher en dehors de ma mère lorsqu'elle est fâchée. »

Dasha ne peut s'empêcher de rire un peu quand Chris lui confie vouloir également jouer Glinda. C'est un peu facile de lui piquer sa réponse comme ça, alors que c'est lui qui a lancé le sujet des grandes ambitions. Ce n'est sûrement pas ce qu'il entendait d'ailleurs, mais ce détail est passé loin au dessus des mèches blondes de Dasha. Elle se contente d'une main affective sur l'épaule de son ami, qui n'a tristement pas tort. Si le gender swap est très populaire off Broadway ou dans les pièces shakespeariennes du West End, l'idée n'a pas encore fait son chemin dans les grosses productions. Cela peut encore évoluer cela dit et Chris est loin d'être arrivé à la fin de sa carrière. D'autant que l'industrie est plus indulgente avec les hommes mûrs que les femmes vieillissantes.

« Tu serais excellent et tu as les cheveux pour toi aussi ! » Elle lui offre un petit sourire et ajoute d'un ton optimiste « Puis, on ne sait jamais, les temps changent. Et je pourrais être le sorcier, ce serait un beau contre-emploi. » Si elle-même ne sous estime pas sa capacité à jouer les méchantes, les producteurs divers et variés ne l'entendent pas toujours de cette oreille. Dasha se penche ensuite sur les crêpes et comme si c'était l'évidence même rétorque « Du chocolat fondu et des fraises, enfin, quelle question ! Et comme c'est une des rares choses que je sais faire, je vais même m'en occuper. »

La blonde descend du plan de travail et sort du chocolat noir bio, deux casseroles et se lance dans un bain-marie. Elle n'a pas franchement passé beaucoup de bons moments avec sa mère, du moins, pas dans un sens très traditionnel. Mais une chose qu'elles faisaient ensemble, c'était des gâteaux et notamment des mousses au chocolat. Dasha s'affaire donc avec un minimum d'expertise et continue même à bavarder. « Et je ne recommencerai plus alors, sauf si je suis fâchée. D'ailleurs, je pourrais l'être un peu, t'as pas vraiment répondu à ma question je trouve. Moi je t'ai expliqué jusqu'à mon plan de retraite et toi tu dis juste que tu veux me faire de la concurrence. » Elle lui tira la langue, taquine. Toutefois, elle aimerait bien que son coloc ne la laisse pas sur sa faim, car les crêpes ne sauraient satisfaire sa curiosité insatiable.

Chris ricane lorsqu'on lui parle de ses cheveux. Ses fans ont l'air d'avoir leur avis personnel sur la question eux aussi. Si ils les voyaient au réveil, sans doute le mythe serait-il brisé. Pour ce qui est de Dasha, elle n'a pas vraiment d'excuse et Chris accepte donc le compliment en passant une main dans ses propres cheveux amusé. Concernant Wicked, Chris secoue la tête cette fois-ci, il y a tout de même des rôles masculins beaucoup plus intéressants que celui du Magicien d'Oz. « Je te conseillerais plutôt Fiyero, suffisamment flamboyant pour toi. » Il accompagne le tout d'un léger clin d'oeil. Dasha pourrait tout à fait jouer l'équivalent masculins des blondes ingénues de comédies musicales. Ces hommes là ne sont certes pas toujours dotés d'une grande intelligence, mais ils ont le mérite d'avoir quelques performances solos intéressantes pour épater un public avide de notes bien placées.

Alors que la conversation se poursuit, Chris assiste à quelque chose d'assez exceptionnel, à savoir Dasha qui sort une casserole des placard pour faire fondre du chocolat. Il la regarde un instant éberlué avant de s'autoriser un petit commentaire amusé sur sa colocataire. « Tu es sûre de vouloir faire ça ? Faudrait pas que tu brûles en voulant m'impressionner non plus. » Il plaisante en continuant la cuisson de quelques autres pancakes qu'il dépose au fur et à mesure dans une assiette. Avec autant de colocataires, mieux vaut prévoir large.

Lorsque Dasha lui fait remarquer qu'il n'a pas vraiment répondu à sa question, Chris hausse une épaule. Malgré son exubérance et ses sourires, le blond ne parle que très peu de ce qui compte véritablement pour lui. Sa pudeur s'explique par une absence de profondeur qui lui a toujours donné l'impression de ne pas toujours connecter avec les autres, d’être vu comme quelqu'un de finalement assez superficiel et peu dignes des grandes conversations existentielles.  Chris n'a pas de grand projets si ce n'est celui d'être bien entouré et de continuer à faire ce qu'il aime. Rien de très intéressant en soi. « Well, tu sais bien que j'ai des rêves de mec chiant. Je veux continuer à chanter et jouer la comédie, le tout en rencontrant des gens sympa avec qui passer de bons moments. Je n'ai jamais tellement réfléchi ou planifié quoi que ce soit. C'est très chiant comme réponse, mais c'est tout ce qui m'intéresse en réalité. Je verrais bien. »

« Fieryo devrait plutôt être joué par une personne de couleur, j'aimerais autant ne pas m'aventurer sur ce terrain. » Dasha peut parfois se montrer étonnamment au fait sur les sujets de société. Certes, avoir un cercle d'amis largement composé de personnes LGBT et s'être souvent retrouvée sur des scènes et des plateaux très divers n'y est pas pour rien. Et il y a aussi le fait que la blonde aime se retrouver en une des tabloïds pour ses conquêtes ou son nouveau film, pas une bourde un peu raciste. Elle n'est pas Scarlett Johansson, merci bien.

Alors que la comédienne se met aux fourneaux, un Chris médusé s'inquiète des dangers encourus, pour elle comme pour sa cuisine sans doute. Elle secoue la tête avec véhémence et affirme fermement « Certaine! Je ne sais faire que deux choses : de la mousse au chocolat et une tarte aux pommes, mais je les fais à merveille. » Et c'est l'entière vérité. Les recettes juives traditionnelles de sa grand-mère se sont perdues avec Crystal, ainsi que tout autre talent culinaire. Mais le peu qu'elle maîtrise, elle le maîtrise bien.

Finalement, Chris accepte de s'ouvrir un peu, couvrant ses envies d'un avertissement. Mais Dasha ne voit pas ce qu'il y a d'ennuyeux là dedans. C'est simple, certes, mais les meilleurs plans le sont toujours. C'est ce qui les rend efficaces. « T'es pas chiant Chris, on est pas obligé de vouloir la lune hein. C'est déjà ambitieux, être heureux, profiter de la vie. » Plus facile à dire qu'à faire, parfois. Les deux blonds ont beau être expansifs et sociables à souhait, ce petit moment d'intimité n'est pas commun. Dasha n'a certes aucun mal à raconter sa vie au premier venu et à mettre toutes les cartes sur la table sans pudeur, son colocataire a un rien plus de réserve. Peut-être parce qu'il a peur d'être jugé, qu'on ne l'aime plus autant.

La blonde surveille son chocolat, y trempe un petit doigt et goûte. Cela lui semble parfait. Elle éteint le feu, verse le tout dans un joli bol en verre et coupe quelques fraises pour finir. Sans perdre le fil de la conversation bien sûr. « En vrai, on veut un peu la même chose. Et comme tu peux le constater, je ne planifie rien non plus. Peut-être que je devrais, j'aurais peut-être pu mieux économiser mon argent. Ou j'aurais dû changer de mère pour ça. Toujours est-il qu'on est loin des 4 million de Little Spies. » La comédienne éclate de rire, à l'aise avec l'idée que sa maman et elle ont bêtement dilapidé une bonne partie de son argent. Pas qu'elle soit au bord de la faillite, mais il est étrangement facile de dépenser des fortunes.

« Bon, je crois que c'est prêt. On mange? » Ses yeux s'illuminent et elle bat des comme une petite fille, devant l'immense pile de pancakes. La chose à faire serait de réveiller leurs colocs et préparer du café pour tout le monde, mais Dasha n'a jamais été du genre à faire les choses correctement. Et elle a faim.