(Léo et libre) “Croyez-moi : homme en retard, liaison dans le tiroir.”

Invité

Le milieu associatif n’était pas un milieu qui lui était familier, Léo n’étant pas un bon samaritain qui venait en aide aux âmes en peine autour de lui. Il était végétarien depuis des années, mais il ne militait dans aucune association. Il ne donnait pas de viande ou de poisson à son fils, mais il laissait sa mère lui en donner. Il n’allait pas devenir l’un de ses mecs chiants qui exigeaient que tout le monde adhère à son mode d’alimentation. Chacun pouvait bien manger ce qu’il voulait, il en avait strictement rien à foutre.

D’ailleurs Léo en n’avait rien à foutre de beaucoup de choses, enfin c’est ce qu’il voulait faire croire. En vérité, il était observateur, il passait son temps à étudier les gens autour de lui. Il ne ressentait pas le besoin de leur venir en aide, mais c’était assez amusant de les observer vivre. En plus, il était assez discret, ne parlant peu et s’habillant avec des vêtements plutôt sombres. Il se fondait dans le paysage, ne souriait pas souvent et ne parlait pas pour ne rien dire. Il n’en voyait encore une fois pas l’intérêt, toutefois les bavards ne le dérangeaient absolument pas.

Il n’était pas asocial, il parlait si on lui posait des questions. Si la personne en face de lui arrivait à capter son intérêt, alors il devenait plus agréable, moins froid. Il n’était pas non plus le genre à déclarer sa flamme à tout bout de champ ou à donner des gestes d’affection. Enfin son fils l’avait un peu changé de ce côté-là, il faisait souvent des câlins et des baisers à ce dernier pour lui montrer tout son amour. Après il n’était pas le genre de père à répéter je t’aime à son gamin toute les cinq minutes. Il lui disait parfois, lui donnait des petits surnoms parce qu’il l’aimait son gamin et il n’avait même pas honte de l’admettre. Il s’en occupait énormément, sauf quand il travaillait.

Quand il travaillait, sa mère s’occupait de l’enfant et quand sa mère travaillait c’est lui qui s’occupait de son fils. Et ils s’en occupaient ensemble lorsqu’ils étaient dans l’appartement tous les deux. Aujourd’hui était un jour où la mère de Léo travaillait et où il devait garder son fils. Il avait travaillé toute la matinée commençant son service assez tôt pour pouvoir être libre l’après-midi et peut-être ce soir s’il ne travaillait pas.
Il devrait travailler s’il voulait de l’argent, mais pour le moment il voulait profiter de son fils.

Ce dernier grandissait bien trop vite, la preuve, il était en train de marcher à quelques pas de son père avant de s’arrêter devant un sans-abri. Léo le prit dans ses bras avec une idée en tête, alla acheter un sandwich et revient vers le sans-abri permettant à son fils de lui tendre la nourriture. Ce qui était beau avec les enfants, c’est qu’il ne se souciait pas encore de l’ordre social. Priam commença à raconter son expérience avec un hérisson au sdf sans se soucier de son odeur ou de sa place dans la société.

C’était assez marrant d’observer ce gamin de presque trois ans, haut comme trois pommes raconter avec son langage d’enfant la venue d’un hérisson dans le parc. D’ailleurs il ne savait pas prononcer le mot hérisson, c’était assez amusant. Perdu dans sa contemplation, il fut bousculé par une personne et il pesta à voix haute. Vous ne pouvez pas faire attention ? Regardez où vous mettez les pieds.

**Jun-Ho Bak**

Quand on est pressé, en retard ou justement en train de fuir quelque chose, assez énervé, on fait moins attention à ce qui se passe autour de nous et c’est le cas pour moi aujourd’hui. Je ne m’énerve jamais et le jour où ça arrive, il pleuvra des vaches rebondissantes. Je suis pressé, peut-être, mais pour quoi ? Je n’ai rien de prévu cet après-midi. En vrai, je me suis installé tranquillement dans un parc dans le Bronx, je revenais de chez un ami et je voulais me poser avec un bouquin. Je voulais profiter du moment avec moi-même et surtout, il fallait que je termine le livre avant que Jun-Seo me demande ce que j’en ai pensé. Si je lui dis que je n’ai pas eu le temps de le lire, il va me rétorquer que j’ai eu le temps de faire la fête et qu’il serait peut-être temps que je grandisse un peu. Il n’a pas tort cela dit, il faudrait que je grandisse un peu aussi et que je pense à être encore plus responsable que je le suis en ce moment-même. Enfin, je trouve que je suis assez responsable. J’étais bien tranquille à lire le livre quand j’ai relevé le regard et j’ai eu cette sale impression que j’étais observé depuis le début. Je ne m’attendais pas à croiser le regard d’une personne que j’ai l’impression d’avoir déjà vu quelque part dans Brooklyn il y a quelques jours… Cette histoire de tableau volé m’a fichu un sale frisson dans le dos et je me suis dis que c’était le moment de rentrer.

Donc voilà. C’est arrivé.

J’étais tellement assez stressé, je n’ai pas arrêté de regarder derrière moi. Je n’ai pas fait attention à où est ce que je marchais, mais je veillais au moins à marcher sur le chemin. Je n’ai juste pas pensé que je pourrai rentrer sur les personnes, tellement je suis préoccupé par la silhouette que j’ai cru appercevoir. Ce ne serait pas surprenant qu’on en soit après moi, vu que je me suis fait arrêté par la police pour avoir détenu une oeuvre volée. Je n’ai pas compris comment elle s’est retrouvée dans mon sac, mais la seule chose à comprendre c’est qu’on m’a pris pour un de ces voleurs. Depuis que cette oeuvre a été saisie, j’ai l’impression que tout le monde en est après moi et je n’arrive pas à définir le visage. C’est déjà assez suffisant pour me faire peur dans le sens où je risque d’avoir encore des ennuis et que ma nationalité soit remise en cause. Enfin bref, j’étais tellement préoccupé que je n’ai pas fait attention à où est ce que je marchais devant moi.

J’ai bousculé une personne et cette dernière ne tarde pas à réagir. Sous le choc, j’en ai fait tomber mes papiers pliés, qui étaient bien calés dans mon bouquin qui a rencontré le sol sale. J’ai arrêté de marcher, je me suis retrouvé un peu bête sur le coup et j’ai regardé la personne qui a râlé et je secoue légèrement la tête un peu perturbé. “Désolé.” Et je n’ai pas eu le temps de dire quoi ce que ce soit de plus que j’hésite durant les premières secondes à ramasser les papiers qui s’étaient fait la malle, je n’avais pas observé la scène entre le petit et le SDF. En vrai, j’étais tellement préoccupé que je n’avais rien vu.

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» (Léo et libre) “Noël au balcon, enrhumé comme un con”