(byron) we have an elevator problem here

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elevator problem

No words I know of can express this emptiness.

Ce qu'il faisait au Miranda Heights Building à cette heure matinale, il se le demandait bien. Si au niveau de sa vie professionnelle, c'était le chaos le plus total, Vitaly pouvait au moins se vanter de vivre dans un appartement au loyer imbattable pour ce qu'il valait. Contrairement au luxe confortable du Lower East Side, le Miranda Heights n'était clairement pas comparable. Un bâtiment un peu vieillot et délabré, paumé dans le Bronx. Et pour ajouter à ce tableau peu reluisant, il lui semblait avoir entendu dire qu'une société de production cherchait à alpaguer les lieux en vue de filmer des séries télévisées et des films. Effectivement, ce n'était pas le meilleur endroit pour s'installer, surtout que la situation des habitants semblait se précariser chaque jour un peu plus.

Et pourtant.... Pourtant le russe était bien là, en train de visiter un logement qui venait de se libérer. Les débuts de fissures sur les murs, le papier peint décollé dans les coins ; et des cafards sans aucun doute, malgré les paroles doucereuses de l'agent immobilier qui l'assurait que non, ces petits monstres ne s'étaient pas installés dans le coin. Vitaly était très bien loti dans le downtown, finalement. Pourquoi avait-il envie de partir alors ? Sa main effleura le comptoir de la cuisine stylisée à l'américaine, et où des taches crasseuses étaient encore visibles à l'œil nu. Une moue dégoûtée passa sur son visage fatigué, tandis qu'il se demandait ce qui avait bien pu salir le plan de travail à ce point. Non, tout compte fait, le blond n'avait pas envie de savoir. « Merci pour la visite, je pense que je vais continuer mes recherches », annonça-t-il en bonne et due forme à l'attention de l'agent. Son sourire frôlant l'hypocrisie se fana bien vite en entendant la conclusion fatidique de cet échange matinal.

La séparation fut beaucoup plus expéditive que la rencontre et l'agent immobilier ne se gêna aucunement pour l'abandonner dans la bâtiment, sans même daigner le raccompagner jusqu'à la sortie. Les joies de New York et de ses habitants au caractère bien trempé pour la plupart. Vitaly ne se fit pas prier et se dirigea vers l'ascenseur pour descendre au rez-de-chaussée. Il avait à présent d'autres chats à fouetter, et en l'occurrence, un job dans un café hipster de Brooklyn.

Les portes automatiques s'ouvrirent et le russe s'engouffra à l'intérieur sans attendre plus longtemps. Remarquant du coin de l'œil la présence d'un autre individu dans l'ascenseur, Vitaly décida de le saluer par pure politesse. « Bonjour », articula-t-il à son attention, tout en vérifiant que le bouton était bien appuyé. Après tout, le jeune homme qui faisait le voyage avec lui aurait très bien pu être un habitant de l'immeuble, s'arrêtant à l'un des nombreux étages de celui-ci. Le blond constata néanmoins que le rez-de-chaussée serait en principe le prochain arrêt de l'appareil, et il se cala donc tranquillement dans un coin en croisant les bras sur sa torse.

Quelques secondes plus tard cependant, l'ascenseur s'arrêta soudainement, une secousse particulièrement violente agitant les deux hommes qui se trouvaient à l'intérieur. Vitaly se retint de justesse à la rambarde, pour éviter de s'étaler par terre ou même tout simplement de se blesser. « Il semblerait que nous ayons un léger problème avec l'ascenseur... » constata-t-il en levant les yeux vers l'autre personne. No shit, Sherlock.

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No words I know of can express this emptiness.

Quelles étaient les chances pour que Vitaly se retrouve coincé dans l’ascenseur d’un vieil immeuble quasi insalubre ? Très faibles en temps normal. Parce qu'en temps normal, il serait directement parti au travail à Brooklyn sans passer par la case Bronx. À s'être précipité pour être à l'heure au rendez-vous fixé par l'agent, le blond avait même oublié de lire le New York Times, et surtout sa partie horoscope du jour. Peut-être que s'il l'avait consulté, aurait-il su à quel point la recherche d'un appartement se solderait par un échec cuisant. Pas d'appartement, coincé dans un endroit aussi étroit que les toilettes d'une boîte de nuit (ou presque), et probablement bientôt en retard pour le travail. Superstitious much ? Oui, il l'était. Vitaly effleura sa barbe naissante, plongé dans une réflexion complexe. Il en oublia par la même occasion la nécessité d'appuyer sur le bouton de détresse pour communiquer avec la personne s'occupant de la maintenance. Fort heureusement, son compagnon de malchance était là pour le ramener à la réalité. L'inconnu lui sembla un peu mal à l'aise, ce qui était tout à fait compréhensible vu la situation dans laquelle ils s'étaient retrouvés. « Oui. J'imagine que ça doit être la cloche jaune », répondit machinalement le russe à mi-voix, sans prendre la peine de dissimuler son accent venu d'un autre monde. Il n'était pas certain si l'inconnu avait pris en compte ses indications, ou s'il avait deviné de lui-même, toujours est-il que le mystérieux brun se chargea d'appuyer sur ledit bouton pour appeler à l'aide. « Ce serait bien que le bouton fonctionne... » Vitaly avait tout de même un petit doute, eu égard à l'état du Miranda Heights Building.

Coup de chance, l'appel au gardien marchait. Avec quelques minutes de retard, certes. Cependant, le russe se sentit grandement soulagé en entendant le son d'une troisième voix s'élever dans les quelques mètres carrés dans lesquels ils s'étaient retrouvés coincés. Vitaly décida de suivre l'exemple de son camarade d'enfermement. Il se laissa glisser à terre et chercha une position confortable sur un sol particulièrement dur - et froid par ailleurs -. Le bruissement familier des sachets de course attira son attention. Le russe releva la tête vers l'inconnu, qui lui annonça que quitte à être enfermés, ils n'allaient pas mourir de faim. « Oh ! Intéressant », observa Vitaly, avec un hochement d'approbation. « Je suis venu les mains vides malheureusement ; je n'avais pas prévu d'être coincé dans un ascenseur aujourd'hui. » Un petit rire s'échappa des lèvres du blond, qui essaya de faire dans l'humour pour résorber la tension qui pouvait exister entre deux personnes qui ne se connaissaient ni d'Adam, ni d'Ève. « Mais si l'on en vient à entamer vos courses, je vous inviterai volontiers dans le café où je bosse pour vous rendre la pareille. » C'était une proposition tout à fait innocente, et ce ne fut qu'au moment où il l'exprima à haute voix que le russe se rendit compte qu'elle pouvait porter à confusion. « Enfin, je veux dire... c'est une proposition purement amicale hein ! Pour vous remercier de la nourriture... » Se justifier ne ferait qu'attiser les soupçons et le russe décida donc de ne pas s'engager trop loin dans cette voie. « Je m'appelle Vitaly, ravi de vous rencontrer » finit-il par ajouter, afin de ne pas manquer de politesse envers l'inconnu. Et puis de toute façon, puisqu'ils allaient rester dans cet endroit exigu pendant ce qu'il devinait être un bout de temps, autant faire connaissance, non ?

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