Nick & la Police ― Nathan (HOT)

Ce n'est pas la première fois que ça arrive, et Alejandro a fini par se faire l'idée. Sa voisine raciste le fera chier par tous les moyens possibles. Lui envoyer l'office de l'immigration pour une petite visite de contrôle est un coup bas cela dit, même pour elle. Rien ne sert de paniquer cependant, malgré l'ambiance indéniablement tendue de ces derniers mois, Nate ne regrette pas encore de l'avoir épousé jusqu'à preuve du contraire. Du moins Alejandro l'espère sérieusement. En bon desperate househusband qu'il est, il ouvre donc à la cette police qu'il aime tant, paré de son plus beau sourire hypocrite. Une fois ses papiers présentés, il commence la visite des lieux avec une certaine fierté. Les deux hommes sont très maniaques et la salle à manger immaculée reflète leur goût mutuel pour les jolies choses bien ordonnées. Quitte à se taper la présence d'un flic – Alejandro les a toujours particulièrement détesté, le brun s'amuse à en faire trois tonnes. Le représentant de la masculinité toxique qui lui fait face lui semble d'ailleurs bien mal à l'aise. Des immigrés homosexuels à Staten Island. Du jamais vu.

- Votre...mari n'est pas ici, le questionne alors l'individu en uniforme qui pose ses mains un peu partout sur ses meubles bien époussetés.
- Son audience a du se terminer un peu plus tard que prévu. Il sera bientôt là. Il est au courant de votre visite, juste un peu en retard.

Quelle garce cette Withman. Il sait qu'elle est innocente tant qu'il n'a pas prouvé qu'elle est coupable, mais ses ragots sont forcément à l’origine de cette visite surprise. Deux jours seulement après cette fameuse réunion parents profs, cela ne peut pas être une coïncidence. La visite se poursuit cela dit, et l'officier fait bien son travail. Tellement bien qu'il frôle la crise cardiaque en découvrant quelques quelques sex toys planqués dans la table de nuit. Alejandro se la joue alors faussement embarrassé et troque un éclat de rire déplacé pour un petit oops insolent qui se prête tellement mieux à la situation. Hautement mal à l'aise, mais en possession d'éléments suffisamment convaincants, ils redescendent et rejoignent l'entrée où Nathan vient d'apparaître. Après un baiser tout ce qu'il y a de plus tendre, le policier décide qu'il vaut mieux partir avant d'attraper cette affreuse maladie qui semble se répandre dans le quartier.

-  Avant que tu ne dises quoi que ce soit, je tiens à préciser que je ne l'ai pas insulté, malgré la Margarita qui traîne sur le plan de travail.

Laisser Alejandro en compagnie de policiers est toujours très dangereux. Son aversion pour les forces de l'ordre est d'autant plus exacerbée lorsque teintée de tequila, et Nathan regrette probablement déjà son regard.

- J'ai peu être laissé un sex toy en évidence pour le traumatiser un peu, mais rien de bien méchant.

- Maître ? Un problème ? C'est à vous.

Un problème, il en a un. De taille. Mais il peut difficilement le dire au Juge Forester, qui a fait durer le plaisir de son audience au-delà de tout entendement, prenant soin de torturer sa cliente le plus longuement possible lors de l'instruction du dossier. Emilia Graham, surnommée Mila par l'ensemble de sa famille, est une femme d'une soixantaine d'années qui a fini par étouffer son mari, Renatto, dans son sommeil. Ca fait quinze jours que le procès dure, et dure. Et il s'achève aujourd'hui, enfin. Renatto a violenté sa famille pendant des années, et la naissance des petits-enfants a fait perdre l'esprit à Mila. Elle a décidé, des années après un mariage nocif, qu'il était temps d'arrêter les frais. Et maintenant, cette femme de soixante ans risque de mourir en prison pour avoir voulu sauver sa famille.

Elle risque de mourir en prison, et la seule chose qui occupe l'esprit de Nathan, en cet instant précis, c'est l'heure. Il a répété mille fois sa plaidoiries ces quinze derniers jours. Il la connait par coeur, des mots qui la composent au ton qu'il doit employer en la disant. Il la connait par coeur, et il sait qu'il va plaider près d'une heure trente. Ce qui va irrémédiablement le mettre en retard, en retard pour la brigade de l'immigration. Il peut déjà voir la tête des flics qui vont passer la porte de leur maison de Staten pour trouver Alej seul, sans doute avec sa téquila et son air insolent. Et l'angoisse monte d'un cran - il est plus angoissé par l'idée que par la plaidoirie qu'il s'apprête à livrer.

Libéré, une heure trente plus tard, Nathan abandonne son associé avec Madame Graham, leur demandant de les tenir au courant de la décision du tribunal. Marc, son partenaire, sait ce qu'il doit faire - et lui fait signe de partir. Il file, roule trop vite, se gare à la hâte, mais quand il pénètre dans la maison, les brigadiers sont sur le départ, l'air un peu gêné.

- Messieurs, lance-t-il pour accompagner leur sortie. Il ne peut s'empêcher de pousser un léger soupir de soulagement lorsqu'ils passent la porte, visiblement satisfaits de ce qu'ils ont trouvé. Bonsoir, lance-t-il pour saluer son mari, auquel il rend son baiser furtif.

Il retire sa veste, puis sa cravate, et s'étire un peu.

- Un sextoy, vraiment ? C'est vrai qu'on a l'habitude de les laisser trainer... il murmure en levant un peu les yeux au ciel, amusé au fond. Je suis content que ce ce soit bien passé. Excuse-moi d'être en retard, il ajoute en soupirant un peu - coupable, sur ce coup. J'ai gagné mon procès, cela dit, il ajoute. Il a reçu un SMS avant de passer la porte. Du coup, je travaille pas demain, c'est officiel. Pour une fois.

Lorsqu'il voit son mari apparaître, Alejandro ne peut pas s'empêcher de ressentir un intense soulagement. Même si il estime avoir géré la situation de la meilleure des manières, il ne peut pas encore prétendre que ces visites lui paraissent toutefois anodines où même une simple formalité. Voir ces représentants de la loi fouiller sa maison, tellement déterminés à trouver quelque chose d'incriminant, n'a rien de franchement agréable, et à plus forte raison lorsque son mari est bloqué à Manhattan pour une audience. Si il garde la face devant tout le monde, ponctuant le tout de quelques remarques hautement sarcastiques, les visites de l'office de l'immigration sont une source de stress conséquente pour le professeur d'Espagnol. Stress qu'il noie dans les Margaritas avant même l'heure de l'apéritif par ailleurs. Mis mal à l'aise par leur homophobie ordinaire, les deux policiers s'en vont finalement bredouilles, une fois de plus.

La porte claquée, le professeur attire son mari pour un nouveau baiser, beaucoup moins pudique que celui échangés pour impressionner la police. Un mélange de reconnaissance et de soulagement traverse les traits d'Ale lorsqu'ils leur regards se croisent de nouveau.

- Disons que ça a fait son petit effet.

Un sourire espiègle vient éclairer le visage d'Ale, qui n'a toutefois pas oublié qu'il a des pulsions meurtrière dirigées contre la voisine.

- Quelle bonne nouvelle ! Je propose une Garden party avec tous les immigrés du quartier pour fêter ça. Whitman sera ravie de voir autant diversité à seulement deux pas de son jardin pour sûr. Elle l'a bien mérité non ? Je ferais du guacamole.

La provocation toujours, Alejandro ne sait pas rester tranquille. Depuis l'élection de Trump, il est bien difficile de le tenir. Et si il ne peut pas se permettre de pousser le bouchon trop loin avec la police, la voisine raciste ne dispose pas exactement des mêmes moyens de pression. Alejandro et Nate connaissent leurs droits, et le couple sait comment flirter avec les limites de manière élégante.

- Je pourrais même lui lui glisser un carton d'invitation sous la porte, qu'elle nous fasse une syncope.

Le quotidien est définitivement captivant à Staten Island. Le prix à payer sans doute pour une jolie maison avec une grande piscine à quelques minutes seulement de NYC. Il s'y sent souvent seul dans cette grande maison d'ailleurs.

Nathan regrette réellement son retard au rendez-vous, même si de toute évidence, son mari a géré la chose d'une main de maître. Il aurait sans doute demandé plus de discrétion s'il avait été là aussi - et sans doute aurait-il obtenu cette faveur. Mais puisque les choses se sont bien passées, il décide de ne pas s'embarquer sur la voie d'une éventuelle dispute en rouspétant à cause des blagues graveleuses - et impudiques - d'Ale. Cette façon qu'il a de manier la provocation avec charme et finesse, c'est aussi pour ça qu'il est tombé amoureux de lui, à l'époque. C'est pour ça qu'ils se sont mariés, finalement.

- Je n'en doute pas, répond-il simplement, au sujet du sextoy abandonné dans leur table de nuit.

Malgré la tension permanente qui règne sur leur foyer, ils n'ont jamais cédé à l'excès. La maison est propre, ordonnée, et présente des photos du couple sans en faire trop. Il aime cet endroit, il aime ce qu'ils ont construit ensemble. Et même si parfois, l'horizon s'assombrit, à cause de la pression du nouveau gouvernement, à cause de ses absences régulières, Nathan aime réellement la vie qu'il mène ici, avec Alejandro.

- Easy, cowboy, pas la peine de l'exciter, sinon les flics débarqueront à la porte toutes les 5 minutes, et tu n'en finiras plus de t'énerver, il ajoute en soupirant un peu, tandis qu'il se dirige vers le bar pour se servir un verre de whisky qui fera sans doute râler son mari. Alejandro affectionne les cocktails et la téquila autant que son mari aime le whisky. C'est dire.

- Va pour la Garden Party avec tous tes copains, en revanche, pas la peine d'inviter la vieille folle, elle serait capable de venir juste pour foutre en l'air la journée - et il n'est pas question que qui que ce soit ne vienne foutre en l'air mes rares journées de congé, il précise en avalant une gorgée de son verre.

Nate est la voix de la raison, et sur ces affaires, Alejandro ferait probablement bien mieux de l'écouter. Difficile d'être aussi calme que son mari lorsque l'on est personnellement visé par les attaques racistes de la voisine cependant. Avec les années, Ale ne s'habitue pas à Trish Whitman, et l'élection du nouveau président n'a pas arrangé les choses dans le quartier, il faudrait être aveugle pour ne pas le remarquer. De simples regards noirs et interloqués, sont devenus des commentaires désobligeants, des flics qu'on envoie vérifier dieu seul sait quoi. Ale donne le change tant qu'il le peut, mais tout cela reste dégradant quoi qu'on en dise. Personne n'apprécie de voir sa maison retournée de fond en comble pour satisfaire les craintes infondées d'une voisine qui ne veut pas de vous ici.

Alejandro a l'impression d'avoir toujours quelque chose à prouver. Ses beaux diplômes et sa belle maison ne suffisent pas à lui donner grâce aux yeux des américains et de la police. Toujours être en marge d'une manière ou d'une autre est épuisant pour le professeur d'espagnol. Nate a beau lui répéter qu'il l'accompagnerait à Mexico si les choses venaient à se corser, Alejandro, si il ne doute pas de sa sincérité, doute qu'il y serait heureux. Être forcé à déménager dans le pays natal de son mari immigré, abandonner un travail épanouissant pour ne jamais retrouver quelque chose d'aussi bien, ce n'est pas vraiment ce pourquoi il a signé et Alejandro s'en rend bien compte.

- Les flics débarquent déjà toutes les cinq minutes, je ne m'énerve plus à ce stade. Mais j'imagine que je fais mieux d'écouter les conseils avisés de mon avocat.

Il hausse une épaule et jette un regard désapprobateur au verre de Whisky. Par cette chaleur, il aurait pu au moins le laisser lui préparer un mojito avec de la menthe du jardin. Les cocktails sophistiqués, c'est son truc.

- On oublie l'hypocrisie alors, quel dommage...

Ale soulève le rideau et secoue la tête en avalant une gorgée de sa Magarita. Trish Whitman est en pleine conversation avec le duo de policiers qui fouillait leur maison quelques minutes auparavant.

- Je vais la tuer, j'espère que tu m'aideras à cacher le corps.

Nathan savoure son whisky en évitant le regard désapprobateur de son mari. C'est une bouteille hors de prix d'un whisky produit en Ecosse, et il est hors de question qu'il délaisse ses bonnes habitudes pour les cocktails d'Ale - pas ce soir, en tout cas. Volontiers quand ils reçoivent ou qu'ils donnent de petites fêtes, son mari est vraiment doué quand il s'agit de confectionner un mojito avec les ingrédients divers et variés qui le composent, mais pas ce soir. Après le stress de la semaine, des quinze derniers jours même, et de la petite visite pas si impromptue des officiers de l'immigration, il a bien droit de céder un peu à ses propres moyens de détente.

- Oui, tu ferais mieux, on me murmure à l'oreillette qu'il est assez bon conseil, en plus, Nathan réplique sans se départir de son sourire entendu.

Malgré tout, Alejandro n'en fait en général qu'à sa tête, et il serait ironique pour Nathan de commencer à le lui reprocher. Si le tempérament de feu du mexicain les met parfois dans des situations assez périlleuses, cette partie intégrante du charme d'Ale n'est pas quelque chose dont Nathan est préparé à se séparer. Ils sont heureux, ici, à quelques détails pratiques près qui viennent régulièrement leur pourrir la vie - une visite d'un voisin homophobe ou raciste, l'immigration, sa propre mère, son absence tardive certains soirs de semaine, aussi. Mais ils sont heureux, et ils s'aiment, et Nathan aime à voir la vie qu'ils ont construite comme quelque chose qui ne pourra être ternie par aucune difficulté.

- Oui, et on oublie la voisine, aussi, tant qu'on y est, elle prend beaucoup trop de place dans nos discussions si tu veux mon avis...

Il hausse une épaule en avalant une nouvelle gorgée de son verre et s'approche d'Ale qui contemple l'extérieur après avoir tiré le rideau de la fenêtre du salon.

- Cela dit, il murmure, contre son oreille, après avoir embrassé sa nuque tendrement, évidemment que je t'aiderai à dissimuler son corps. J'ai déjà quelques techniques en tête, qui me viennent des cours de droit les plus passionnants que j'ai suivis à la fac.

Nate lui a sauvé la mise plus d'une fois, et il en est conscient. Si leur relation n'a pas débuté sous les meilleures auspices, on peut dire qu'elle s'est bonifiée avec les années malgré tout. Ale est un garçon compliqué. D'un naturel passionné et idéaliste, il est à la fois sensible et piquant. Un mélange qui ne prend pas toujours avec tout le monde, et qui le rend assez imprévisible la plupart du temps, même si sa colère se traduit essentiellement par le sarcasme le plus évident dirigé vers leur horrible voisine. Disons simplement qu'avec les années, sa belle vision de l’Amérique s'est effritée et qu'il lui est bien difficile de garder son sang froid devant les injustices qui s'accumulent avec le temps. La situation pourrait être tout à fait différente, si son quotidien n'était pas remis en question de façon aussi constante.

Les visites de l'immigration ne sont que le haut de l'iceberg, les discriminations incessantes en revanche, nourrissent sa colère de jour en jour, et bien malheureusement ses ressentiments aussi. Le calme Nathan à ses côtés, lui fait énormément de bien. L'avocat lui donne une raison de ne pas tout abandonner alors qu'à chaque victoire pourtant, ce sont plus de difficultés qui viennent s'ajouter aux leurs. Leur mariage fonctionne dans une balance qui semble infaillible même si les doutes naissent des obstacles qui continuent de ponctuer leur route. Nate ne peut pas toujours comprendre ce qu'il traverse, mais il a toujours fait de son mieux.

- De très bon conseil oui, très convaincant aussi on ne peut pas t'enlever ça...

Ce qui mérite d'être noté. Nathan a sa propre façon de procéder lorsqu'il s'agit de calmer les ardeurs de son mari. Méthode éprouvée, et très bénéfique pour leur vie de couple. Et si ils sont parfois tous les deux inquiets de la distance qui s'installe entre eux, ils savent toutefois l'éclipser au profit de réunions passionnées hautement plus agréables. Lorsque Nate s'approche par ailleurs avec de très louables intentions, il faut le dire, Alejandro penche un peu la tête pour lui laisser un meilleur accès à son cou. Toujours agacé, il continue néanmoins de fixer son ennemie jurée avec des pensées très peu catholiques qui impliquent notamment une bêche et un petit carré d'herbe.

- Vas y fais moi rêver, ça m'évitera probablement de passer à l'acte ce qui serait pas très bon pour mes affaires on ne va pas se mentir.

Il ferme les yeux sous ses baisers, ce qui lui ferait presque oublier Whitman et ses saloperies de plantes le temps d'un instant.

Nathan aimerait pouvoir canaliser les angoisses de son mari, il l'aimerait réellement. Mais il a bien conscience que, malgré tout son optimisme, et malgré tout ce qu'il peut dire, le vif sentiment d'injustice qui habite Ale n'est pas près de s'envoler. En tout cas, pas avant les prochaines élections présidentielles - et même là, la perspective n'est pas ce qu'il y a de plus réjouissant. Il a peur, bien sûr, parfois. Il se réveille trempé de sueur et angoissé à l'idée que quelqu'un puisse se pointer un jour pour ruiner le bonheur qu'ils ont construit au fil des années. Il a peur pour la famille d'Ale, aussi. Et voir Madame Withman, si tranquillement en train d'arroser ses plantes en entretenant la conversation avec le service de l'immigration, là dehors, n'arrange rien. Il a songé déjà à déposer plainte, à saisir la justice de ses actes délibérément homophobes - et racistes - mais c'est peine perdue, Nathan le sait. Il le sait car il connait bien la justice, justement.

Il reste derrière Ale, et glisse son bras libre autour de sa taille pour observer l'extérieur. Positionné ainsi, il peut presque sentir le cœur de son mari agité de rancœur.

- Heureusement que j'arrive à l'être, de temps en temps... Convainquant, je veux dire. Sinon, il faudrait se faire du souci pour ma profession, il marmonne, vaguement amusé. C'est un comble pour lui, d'être avocat et de ne pas parvenir à rétablir un équilibre juste au sein de son propre foyer.

Au début, naïvement, il a tenté d'engager la conversation avec leur voisine. Il a même tenté de la soudoyer - Dieu le sauve si jamais Ale l'apprend. Mais la vieille peau a le racisme bien ancré, et elle a refusé sa proposition en se parant de sa plus belle mine horrifiée, comme s'il venait lui de porter une atteinte particulièrement violente à son intégrité. Bullshit.

- Hm, voyons. On pourrait l'enterrer dans le jardin. Ou alors la découper, et mettre les morceaux dans un sac, et jeter les sacs à la mer pendant une croisière d'été. Ou alors la mettre au congélateur, je sais pas...

Il hausse une épaule sans retenir un rire léger.

- Allez, viens par là. L'observer de loin ne sert à rien, tu devrais te servir à boire.

Il recule légèrement pour attirer son mari loin de la fenêtre, non avoir déposé un dernier baiser dans le creux de son cou.

- On pourrait aller faire l'amour dans le jardin, il suggère en ricanant, levant les yeux au ciel à sa propre connerie. Je suis sûre qu'elle aurait une attaque avant d'avoir pu appeler les flics.

Convaincant, il est vrai qu'il faut l'être en défendant la veuve et l'orphelin for a living. Mais cet art si particulier n'est pas sans se frayer une place de choix dans leur vie de couple en parallèle. Nate est en effet quelqu'un de charmant par nature. Il l'était beaucoup moins le soir de leur rencontre certes, soirée ou ils se sont d'ailleurs envoyés en l'air sans grande cérémonie avant de décider qu'il n'était pas forcément nécessaire de réitérer l'expérience, mais charmant la plupart du temps, on ne peut que lui concéder cela. Avec les années, l'avocat a d'ailleurs su montrer autre chose que l'image de l'homme un peu froid et désintéressé qu'il lui avait donné au début. Sans qu'il ne sache tellement comment ils en sont arrivés là, ils ont fini par ne plus vraiment savoir vivre l'un sans l'autre. S'en est suivi une jolie maison, et une intimité toute particulière. Malgré les difficultés, l'équilibre semble se faire, durer.

Ale sourit lorsqu'il mentionne les multiples façons dont ils pourraient se débarrasser de la voisine. Des idées, Ale n'en manque pas, ce qui l'intéresse c'est comment faire en sorte que la police ne le soupçonne jamais. Par principe, il serait le premier sur la liste des suspects. Aucun cynisme exacerbé là dedans, juste la vérité. A raison peut être, pour une fois.

- Rien de très exotique, j'ai déjà envisagé toutes ces options. Je compte sur toi pour les détails le plus problématiques. Je suis mexicain, c'est évidemment moi qu'on va soupçonner en premier, il me faut donc un alibi en béton et aucune trace à déplorer.

Lorsque son mari l'invite à cesser sa fixette de l'extrême, il soupire et se retourne pour l'attirer à lui et l'embrasser. Il est vrai qu'ils ont bien mieux à faire que rager devant le rideau de la salle à manger. Du moins en théorie.

- Je ne te connaissais pas de tendances exhibitionnistes, mais ma foi je suis sincèrement touché par tout le romantisme de cette proposition.

Histoire de le taquiner légèrement, il s'échappe de son étreinte pour aller se préparer un verre. Tout vient à point à qui sait attendre comme on dit, et puis il est arrivé en retard. Si Alejandro ne lui en veut pas spécialement, il est hors de question qu'il lui donne ce qu'il veut tout de suite. Vous avez dit têtu ?

Nathan hausse une épaule et se détache, reportant son attention sur son verre de whisky. Il imagine aisément que la commission d'un crime parfait demande du temps, l'élaboration d'un plan d'attaque conséquent et sans la moindre faille. De tous les hommes ou les femmes qui avaient commis ce genre d'actes qu'il a eu à défendre, personne n'avait réussi à dissimuler suffisamment bien les traces. A tout instant, un petit détail vient embrouiller la perfection - et le château de cartes s'écroule.

- J'imagine qu'on aurait besoin d'un alibi solide, du style - la moitié de la ville de New York a constaté qu'on n'était pas dans les parages à l'heure du meurtre, il lance en haussant une épaule. Si on réussissait à la tuer d'une mort qui semble naturelle et à filer chez mes parents pour un déjeuner photographié, par exemple.

Il ricane. Ca fait longtemps qu'ils n'assistent plus aux déjeuners familiaux - depuis que sa mère a renoncé à faire de lui un homme, un vrai, un représentant digne de l'entreprise familiale. Qu'il soit gay était déjà en soit une abomination - Jésus est sans doute hors de lui, là-haut, parce que le deuxième fils de Madame Gardner est homosexuel - mais qu'il épouse en plus un mexicain qui, à l'époque, n'avait pas de papier, a achevé de rendre leur relation pire encore que ce qu'elle n'était. Mrs Gardner passe sa vie à chouiner en prétendant que son fils la déteste - il le sait de Vera, fidèle transmetteur du côté drama queen de sa mère.

- Je t'en prie, il lance en terminant son verre de whisky - et il s'approche du bar où Ale se confectionne un cocktail. Je plaisantais, tu t'en doute, on pourrait m'interdire d'exercer si ça se savait. Je peux en avoir un, aussi ?

Ale sourit à cette idée, il est vrai qu'ils ne sont absolument pas de ceux qui devraient s'essayer à l'élaboration d'un crime parfait. En admettant qu'ils aient le meilleur alibi du monde, le voisinage trouverait toujours le moyen d'attirer l'attention sur le petit couple de gays déjà soupçonné de mariage blanc. Force est d'admettre finalement, que la réalisation serait plus compliquée que la planification. Par chance, ils ne pensent pas sérieusement à tuer la voisine, ce qui règle le problème pour les quelques années qu'il leur reste à attendre. De toute évidence, la provocation suffit à calmer les ardeurs d'Alejandro, qui n'a de toute façon que le racisme de la voisine pour se distraire après sa journée de travail.

- Je pense qu'on prends moins de risque à attendre que sa fille finance la maison de retraite. Quelques années à tenir, rien de bien méchant. J'essaierais de ne pas craquer avant, promis.

Ale serait même d'accord pour participer au dit financement. Ce serait de l'argent bien dépensé, aucun doute là dessus. Il hoche alors la tête et embrasse furtivement les lèvres de son mari tandis qu'il prépare ce qu'il lui a demandé. Ale s'abstient de juger, mais la visite de l'immigration semble avoir eu un effet aggravant sur leur consommation d'alcool. Lorsqu'il lui tend son cocktail, Ale lui offre un sourire resplendissant.

- Et si on allait tout de même se pavaner dehors, on a une piscine, autant en profiter. On narguera Monty qui me demande toujours pourquoi on a décidé de s'enterrer à Staten Island !


Monty et l'insupportable voisine à la pelouse irréprochable. Pour une fois qu'Alejandro peut profiter de sa maison et de son mari en même temps, il ne compte pas s'en priver.

- Good to hear, love, il répond en se parant d'un clin d'oeil complice.

Nate sait que parfois, cracher sa haine en fantasmant sur un meurtre est la seule chose qui parvient un peu à calmer son mari, alors il ne sera très certainement pas de ceux qui l'empêchent de parvenir à ses fins. Nate est plutôt d'un naturel patient et posé, c'est ce qui lui a permis sans doute de graver les échelons de la profession qu'il exerce sans se heurter à des problèmes entre deux. Il aurait pu être nerveux, s'agacer à la moindre réflexion déplacée de qui que ce soit autour de lui - mais il n'est pas de ces gens là. Plutôt de ces terre à terre qui laissent les autres s'énerver et qui déroule son argumentaire calmement.

- Ce jour-là, rappelle moi d'adresser un énorme chèque à la maison de retraite qui va l'accueillir, histoire de les remercier pour leur grand geste, il lance en haussant une épaule.

Nathan attrape le cocktail en adressant un sourire de remerciement à son mari.

- Merci, il lance en abandonnant le verre vide de whisky.

A ce rythme là, entre le whisky, le cocktail, la chaleur et la fatigue, il risque d'être pompette en un rien de temps.

- Laisse-moi aller mettre un maillot, dans ce cas. J'irai bien nager, il lance en hochant la tête.

Il embrasse son mari et laisse son verre sur le plan de travail un moment, le temps de monter quitter son costume pour un maillot de bain. Il enfile tout de même un t-shirt, et s'empare de ses lunettes de soleil, avant de redescendre pour reprendre possession de son verre pour rejoindre Ale qui squatte déjà les abords de la piscine. Whitman, au loin, lance un regard horrifié quand elle réalise qu'ils vont tous les deux se prélasser au bord de la piscine, avant de regagner l'intérieur de sa maison après avoir inondé son jardin.

- Il fallait le dire, que profiter du jardin la ferait fuir, il lance en s'installant au bord de la piscine, les jambes dans l'eau. Tu as passé une bonne journée, à part tout ça ?

Nathan n'a pas vraiment de raison de s’inquiéter. Ale ne fait que râler dans son coin et provoquer si on lui en laisse l'occasion. Jusqu'à preuve du contraire, le jardin est toujours dépourvu de corps enterrés. Nate a toutefois raison, il est temps de se changer les idées, d'ingurgiter quelques cocktails et de profiter de l'argent durement gagné. Après trois paquets de copies bourrées de fautes et d'interprétations un peu trop personnelles de ses questions d'examen il a bien droit à un petit remontant, ou deux. Ou trois, si on compte la visite de l'immigration qu'il aurait presque oublié.

- Je compte évidemment participer à la cagnotte, Ale s'empresse d'ajouter pour commenter. Je te signerai un chèque ! même de Mexico si les choses ne se passent pas aussi bien que prévu... Je trouverais forcément un moyen pour une occasion aussi spéciale. Virement international, espèces, bons d'achats, on se démerdera fais moi confiance.

Nate n'est pas un grand fan de ce genre de blagues hautement cyniques, mais c'est sa façon à lui de faire face à la situation. Plaisanter sur son statut d'immigrant est un moyen comme un autre de tenir le coup pour Ale. Un moyen plus difficile à comprendre pour son mari qui a parfois l'impression qu'Alejandro prend tout cela à la légère d'ailleurs. Nate souffre de la situation au moins autant que lui, voire peut être plus finalement. Avant que le mexicain ne ne vienne chambouler son existence, il y avait finalement bien peu de choses que l'avocat n'était pas en mesure de contrôler dans sa vie. Son statut social ou l'argent de sa famille, ne lui sont malheureusement d'aucune utilité dans les démarches administratives chaotiques que doit poursuivre Ale pour obtenir des papiers valides.

Lorsque le brun s'éclipse pour se déshabiller, Ale en fait de même, et lorsqu'ils sortent pour profiter de l'extérieur, la voisine ragequit instantanément son jardin dans un souffle protestataire. Du haut de son matelas de piscine, Ale hausse une épaule amusé en buvant une gorgée de son cocktail.

- J'ai donné quelques cours d'Anglais au fils de Maria, écouté Ricky se plaindre de son mariage, et passé définitivement trop de temps à stress-cleaner la maison. Tu as du le remarquer.

Pas que ce soit souvent le bazar par chez eux. Avec les deux maniaques qu'ils sont, Alejandro n'a pu nettoyer que la propreté elle même.

Nathan s'eclipse, non sans avoir levé les yeux au ciel à la réponse de son mari. Quoi qu'il arrive, ils en reviennent toujours à cette éventualité. Et tout l'optimisme du monde ne permet pas à Nathan de soulager les angoisses d'Ale, qui bien souvent se répercutent sur lui sans qu'il n'ose l'admettre.

- Si on doit atterrir à Mexico, on enverra une enveloppe de liquide, il lance en montant les escaliers pour couper court à cette conversation qui risque de tourner déprime.

Il se change, enfile un t-shirt et un maillot de bain, et se retrouve bien rapidement à battre les pieds dans l'eau, tandis que son mari profite du matelas gonflable sur la surface de la piscine.

- J'ai remarqué, oui, il lance en riant un peu. Ils sont tous les deux extrêmement maniaques, ce qui a pour principale conséquence que la maison est immaculée sans qu'ils n'aient même à songer à embaucher une femme de ménage pour faire le sale boulot à leur place.

Nathan acquiesce doucement, et attrape le cocktail posé à côté de lui pour en avaler une gorgée.

- Ricardo va bien ? il demande en relevant un peu les yeux. Il ne lui faut pas beaucoup plus de temps pour retirer son t-shirt histoire de profiter un peu des quelques rayons de soleil qui subsistent en cette fin de journée.

- Est-ce que tu veux qu'on prenne des vacances cet été ? On pourrait bouger un peu, il suggère en observant le contenu de son verre. On pourrait aller dans le Nord pour voir les lacs. Ou dans le sud, je sais pas. Voir la mer ?

Cette année, il a besoin de prendre des vacances. De couper. Des vraies vacances, sans contact avec les gens, le travail, les clients, les associés. Les problèmes, en somme.

- Ca nous ferait du bien, non ?

Ale sourit, probablement ému par l'acharnement de Nate à éspérer qu'ils pourraient faire leur vie tous les deux à Mexico si les choses venaient à tourner mal. L'immigré sait très bien que la réalité serait plus compliquée que ce que Nate semble penser et il envisage difficilement leur avenir ensemble dans une telle configuration. Sa ville natale n'a rien d'une destination de rêve pour un jeune avocat passionné et dont la réussite est sur toutes les lèvres. Si leur relation fonctionne aux Etats-Unis, Alejandro doute qu'elle puisse survivre aux rêves brisés et aux familles déchirées par une éventuelle déportation. Qu'il le veuille ou non, Ale prend l'entière responsabilité de sa situation, et il est hors de question que Nate l'accompagne dans sa chute, même par amour. C'est une chose à laquelle il a beaucoup réfléchi ces derniers temps. Si leur mariage devait imploser, il aimerait au moins que ce ne soit par égoïsme. La vie qu'ils mènent ici, c'est ce dont son mari a besoin.

Loin d'avoir envie de le rendre malheureux cela dit, Ale s'abstient de commenter. Un sourire plus tard, il préfère d'ailleurs avaler une gorgée de son cocktail et réagir au semi compliment de Nate.

- J'apprécie que tu aies remarqué. Quant à Ricardo, il est au milieu d'un énorme drame comme d'habitude. J'ai encore dû jouer les mamans ce midi, ce garçon survivrait pas deux minutes sans mes conseils avisés. Il faut dire que son mariage bat de l'aile, ce qui le rend un peu... Dramatique ? Complètement dramatique ?

Mais il n'en reste pas moins le meilleur ami d'Alejandro. Un peu comme le frère qu'il n'a jamais eu, et sur qui il veille depuis des années. Leurs situations sont les mêmes, et il doit bien admettre qu'il apprécie de pouvoir passer du temps avec quelqu'un qui vit la même chose que lui, quelqu'un qui parle sa langue aussi. Sans Ricardo et Anjelica, les journées seraient bien tristes à Staten Island. Lorsque Nate mentionne des vacances, il avale une nouvelle gorgée d'alcool. Si pour certaines personnes, il pourrait s'agir d'une conversation légère, tout le monde ne profite pas des mêmes privilèges.

- Il faudra regarder regarder les états qui reconnaissent DACA, mais j'imagine qu'on peut trouver un endroit sympa dans cette liste ?

Une nouvelle fois, il s'abstient de reparler d'un tout autre projet qui devrait pourtant occuper leurs conversations étant donné la situation. Si il veut obtenir cette green card un jour, il faudra bien qu'il organise son retour au pays. Et si il ne veut pas perdre son travail, mieux vaudrait s'en occuper pendant les vacances scolaires. Le plus compliqué sera décidément de trouver une raison valable. Toutes celles proposées par le gouvernement impliquent forcément un séjour assez long.

Ricardo a le sens du dramatique, c'est certain. Nate a parfois du mal à gérer ses émotions quant il s'agit du meilleur ami d'Alejandro. Et c'est sans doute parce qu'ils partagent tous deux de très nombreux points communs qui les rapprochent grandement. Malgré tous les efforts qu'il fait, Nathan ne peut pas vraiment affirmer qu'il comprend ce que ça fait, de vivre dans le doute et la peur au quotidien, quand on n'est pas sur son territoire. Lui, il est né ici, il peut voyager comme il en a envie, où il veut. Personne ne trouve jamais étrange qu'un américain ait envie de se rendre au Mexique ou en Afrique. L'inverse est toujours beaucoup moins vrai, beaucoup plus compliqué. Et le fait que Trump soit le président du pays n'arrange rien. Il fait de son mieux pour se montrer compatissant et à l'écoute, mais au fond de lui, il sait que ça ne remplacera jamais un vrai partage d'expérience - et en la matière, personne n'est aussi bien placé que Ricardo. Malgré les années et les preuves d'amour répétées, Nate ne peut jamais vraiment s'empêcher de songer que son mari pourrait soudainement ouvrir les yeux sur l'attrait du mexicain. Il garde naturellement ces détails pour lui, fuyant le risque de déclencher une nouvelle dispute inopportune.

- Complètement dramatique, j'imagine, oui... Qu'est-ce qui lui arrive ? Nathan demande, et l'on pourrait voir là une tentative déguisée de faire comme si la vie de Ricardo lui important pour gagner les faveurs de son mari - mais ce n'est pas le cas. Parce que même s'il est jaloux, même s'il a parfois du mal à prendre du recul, la vie d'Alejandro, ses amis, ses angoisses, son quotidien, tout ça l'intéresse. C'est un garçon fondamentalement gentil, qui sait aussi s'inquiéter pour les gens.

Un nouveau soupir, léger celui-là, accueille la perspective de devoir sélectionner un Etat dans la liste. Parfois, Nate oublie. Nate oublie les contraintes épuisantes qui pèsent sur les épaules de son mari - parce que leur vie lui semble tellement normale, qu'il est parfois inconcevable que l'on puisse les traiter ainsi. Pourtant, ce n'est pas faute de l'avoir appris de la pire des façons avec sa mère.

- Oui ? Je regarderai ça demain, ou lundi du bureau. On pourrait réserver un hôtel et, tu sais... Juste changer d'air ?

Il a l'impression qu'ils en ont besoin. Nathan a l'insupportable impression qu'une tempête gronde, au loin, et qu'il ne peut que la regarder venir sans rien dire, sans rien faire, impuissant. Il a l'impression qu'il va bientôt être submergé - et il ne sait pas exactement pourquoi. Ou plutôt si, il sait. Mais il n'a pas envie d'y penser.

Nate n'a jamais eu une grande sympathie pour Ricardo, le strict minimum pour ne pas heurter la sensibilité de son mari et ça s'arrête là. Politesse, sourires gênés, il faut dire que les deux hommes sont à l'opposé l'un de l'autre ce qui rend les choses encore plus compliquées qu'elles ne le sont déjà. Ale est donc attendri par les tentatives maladroites de son mari pour s'intéresser à son ami. En effet, il y a comme soupçon de jalousie de la part de Nate qui va s'imaginer dieu seul sait pourquoi qu'Alejandro pourrait le quitter pour Ricardo, ce qui est assez étrange en somme, voir risible si on considère le contexte. Si les deux hommes avaient dû s'envoyer en l'air, leurs longues années de colocation auraient probablement suffi à les rapprocher de cette manière. Ça n'a jamais été comme cela entre eux cela dit, dieu merci. Ale adore son meilleur ami, mais ce n'est pas vraiment ce qu'il recherche dans un partenaire et ils ont vécu ensemble suffisamment longtemps pour le savoir tous les deux. Il a besoin d'espace Ale, de se retrouver seul parfois. Si il gère parfaitement son ami et apporte une balance quasi parfaite à ses accès dramatiques, il trouve en Nate le calme dont sa nature anxieuse a besoin. Pour ce qui est de Ricardo, il s'agit plus d'un frère de cœur que d'autre chose, inévitablement sexy certes, mais un frère de cœur tout de même.

- Son mari travaille trop un peu comme le mien, mais les petites attentions à côté c'est plus tellement ça. Il se pourrait aussi qu'il se soit envoyé en l'air avec Anjelica samedi dernier aussi. Comment je le sais ? Ces deux abrutis m'ont planté pendant une heure au bar. Pour l'instant, il n'a pas décidé de passer aux aveux, ce qui est un peu agaçant parce que je le connais par cœur, mais ça viendra. Il va craquer, c'est juste une question de temps.

Ale lève les yeux au ciel et avale une gorgée de son cocktail. Ricardo qui geint dans ses chemises n'est pas une grande nouveauté, et c'est sûrement ce qui perturbe Nate le plus. Trop jeune probablement pour être le beau père d'un gros bébé de trente cinq ans.

- On pourrait aller à San Francisco, ça nous changerait de Staten Island. Un peu de tolérance ne nous ferait pas de mal. Ce n'est pas fort exotique comme destination, mais on peut tout miser sur l’hôtel...

Tandis qu'il prononce cette phrase, il aperçoit Withman derrière son rideau. Il lève son verre et lui offre un sourire hypocrite. Cette femme n'a vraiment rien de mieux à faire que de les observer.

Nathan grimace très légèrement au début de l'explication d'Ale. Il sait qu'il travaille trop, et il fait de son mieux pour réduire son temps de travail, mais ce n'est pas si simple. Il a toujours été acharné dans son boulot, et le fait qu'il ait désormais une vie de famille ici, à Staten Island, ne change pas ses convictions quant à la profession qu'il exerce. Défendre les gens prend du temps. Pour une raison inexplicable, Nate, qui est parfois si maladroit dans la gestion de ses propres sentiments, qui souvent ne sait pas quoi dire, comment agir ou comment s'exprimer, pour une raison étrange, il n'est pas comme ça quand il s'agit de plaider un dossier. Quand il faut rejoindre le centre d'une salle d'audience, pour délivrer avec conviction les paroles d'une plaidoirie digne de ce nom, il est pris d'une flamme inexplicable qui fait de lui un autre homme. Plus à l'aise, plus engageant aussi. Peut-être, justement, que c'est tout ce qu'il ressent au fond de lui qui fait de lui un bon avocat. Un homme qui plaide avec ses tripes, qui met ses propres sentiments d'injustice dans ses plaidoiries. Il décide de ne pas relever la taquinerie plus ou moins déguisée d'Ale, cela dit. Il n'a pas envie de se disputer, ni de se prendre la tête. Ni même de se justifier. Il aime plus son mari que son métier, et s'il fallait qu'il en vienne à lever le pied pour satisfaire Alej, il le ferait sans hésiter. Pour l'instant, la situation ne lui parait pas encore critique.

- Quelle personnalité, quand même, il commente simplement en riant un peu. Il secoue la tête tendrement et soupire. Si tu devais me tromper, je crois que je préfèrerais quand même que ce soit avec un autre homme. Ca m'éviterait le sentiment de culpabilité lié au fait que tu serais soudainement revenu bisexuel - ou, pire. Hétéro.

Il ricane un peu en dévisagent Ale. Il n'a aucun doute sur la fidélité de son mari - c'est lui qui a autrefois été infidèle. Pas quand il était avec Ale - enfin en tout cas, ce n'est pas lui qu'il a trompé. Il ne peut pas s'imaginer une seule seconde se perdre dans les bras d'un autre homme aujourd'hui, c'est dire si à l'époque, sa relation bâtait de l’aile.

- Va pour San Francisco, il acquiesce en hochant la tête. Je nous prendrai des billets lundi.

Nathan imite son mari en levant son verre à l'attention de l'oppressante voisine.

- Viens par là avec ta bouée, j'ai vraiment très envie de t'embrasser, il lance avec un sourire légèrement insolent accroché aux lèvres.

Nathan ne parvient pas à refréner un petit commentaire sur la personnalité haute en couleur de Ricardo, ce qui a pour effet d'arracher une grimace inconsciente à son mari qui n'a jamais tellement aimé ce genre de choses il faut le dire. Si Alejandro veut bien admettre que son ami est un phénomène, il l'accepte bien mal de la part de ceux qui n'ont jamais tellement pris le temps de le connaître plus que ça. Les années ne le rendent pas plus tolérant avec ce genre d'insinuation et malgré la subtilité de la remarque, Alejandro reste un ami beaucoup trop fidèle pour ne pas s'offusquer au moins un tout petit peu. Mais pour ne pas brusquer Nate, dont la jalousie excuse plus ou moins les maladresses, il choisit cependant de ne pas répondre, le but étant tout de même de retrouver son mari à la fin de cette journée, pas de faire chambre à part. Ricardo est ce qu'il est, inutile d'en débattre pendant des heures.

- Si je me découvrais une attirance pour les femmes, ça n'aurait rien à voir avec toi. Sois rassuré cependant, je doute fortement que qui que ce soit soit redevenu hétéro d'un coup de baguette magique. Pour ce qui est de Ricardo, il a toujours été clair sur le fait qu'il aimait aussi bien les hommes que les femmes, et pour le coup, ça aussi ça devrait te rassurer non ?

Alejandro hausse une épaule amusé, taquin comme toujours lorsqu'il s'agit de la jalousie ridicule de Nate. Définir son orientation sexuelle est déjà suffisamment compliqué, si il fallait en plus prendre en compte l’Ego d'un partenaire dans cette difficile équation, nul doute qu'on ne progresserait pas dans la bonne direction.

- Honnêtement je pense que ton égo blessé aurait d'autres priorités que le genre de la personne avec laquelle je t'aurais hypothétiquement trompé. Et comme ce n'est pas vraiment dans mes projets, tu peux dormir tranquille, Nate.

Alejandro a des besoins finalement très simples. Avoir un mari qui l'aime et le respecte en toutes circonstances, c'est plus qu'il ne pouvait déjà rêver. Lorsqu'il l'invite à s'approcher, le brun prend cependant une nouvelle gorgée de son cocktail. Tout ça va se finir à l'eau, il le sent et il n'a pas envie de fiche en l'air une aussi bonne Margarita.

- Non. Toi approche, j'ai pas confiance.

Ce n'est pas vraiment que Nate se soit un jour senti en danger en ce qui concerne Ale. Le couple qu'ils forment, même si leurs vies ne sont pas parfaites, en fait rêver plus d'un, et lui le premier. Nate n'a pas l'impression que l'amour qu'il éprouve pour Alejandro ait diminué avec le temps et les années. Il a l'impression que le premier soir, quand il l'a rencontré dans ce bar où ils s'étaient tous les deux échoués, quelque chose s'est passé qu'il est impossible de défaire. Indéniablement, son destin l'a ramené jusqu'à Alejandro - et il n'a pas l'impression que la vie puisse décider de les séparer. C'est peut être ce qu'il explique son optimisme à toute épreuve qu'Ale ne comprend pas toujours. Et c'est aussi ce qui explique que si un malheur devait arriver concernant la demande de Green Card - ou quoi que ce soit d'autre du même acabit - Nate risquerait de tomber de très haut. C'est sans doute ce qui inquiète sa mère, plus que le reste.

- Tu as raison, mon égo blessé sera trop occupé à tenter de trouver une solution pour enterrer la dépouille de ton amant ou de ta maîtresse à côté de celle de Whitman.

Il ricane et lève son verre, levant les yeux au ciel quand son cher mari refuse d'approcher. Quelle chochote, celui-là, alors.

- D'accord, il lance en se levant, quittant le bord de la piscine pour s'approcher d'Ale qui déguste sa margarita.

Il jette un coup d'oeil derrière lui, pour vérifier que la voisine suit toujours attentivement ses moindres faits et gestes, et se penche en avant pour poser ses lèvres contre celle d'Ale. Il ne lui faut que quelques instants pour sentir son coeur qui s'accélère notablement dans sa cage thoracique, comme il approfondit le baiser en y mettant toute sa tendresse - mais pas seulement. Il y a aussi cette main qui caresse sa joue jusqu'à se glisser sur le bord de son cou, qui descend l'omoplate jusqu'à l'ouverture de sa chemise. Un soupir léger lui échappe quand il se sépare pour reprendre son souffle, et il s'écarte pour retirer sa propre chemise.

- Moi, je vais y aller, dans cette piscine.

Il ricane un peu et se lance pour sauter dans l'eau fraiche, qui lui fait un bien fou.

Visiblement la visite de l’immigration et la présence simplement irritante de la voisine ont donné des idées meurtrières au couple qui parle de cadavres à enterrer depuis près d’une heure maintenant. Ale regarde d’ailleurs son mari faussement indigné par la violence des propos qu’il tient. Il l’a habitué autrement, ce si gentil Nathan.

- Je ne te connaissais pas une telle violence !

Un rire vient appuyer son exclamation tandis que Nate s’approche doucement pour l’embrasser. Ale pour sa part dépose son verre sur le rebord de la piscine, laissant à ses mains tout le loisir de s’affairer sous la chemise de son mari (ce qui provoque évidemment l’indignation chez les Whitman). La satisfaction de voir Whitman baisser le rideau est un bonus non négligeable dans le plaisir qui découle de ce baiser à la fois passionné et provocateur. Ils sont heureux, envers et contre tout.

- Mais on devrait arrêter de parler de cadavres, notre jardin mérite mieux que ça. J’aimerais planter quelques aromates à la place.

Histoire de pouvoir cuisiner avec des produits frais. Nul doute qu’une quantité notables de cadavres nuirait au côté sain de la chose. La tendresse de Nate touche le cœur du mexicain cela dit et il oublie un instant tous ces gens que son mari a prévu de tuer froidement si le couple n’obtient pas ce qu’il veut.

Lorsque Nate se jette à l’eau, Alejandro se débarrasse de sa chemise et le rejoint pour un nouveau baiser nettement moins chaste que le précédent. L’eau légèrement plus froide ne suffit pas vraiment à rafraîchir l’ambiance qui s’est doucement installée dans le jardin des Gardner Paredes.

- Tu devrais rentrer plus tôt plus souvent...

Ses lèvres murmurent ces quelques mots à son oreille de façon scandaleusement suggestive avant de descendre essuyer les quelques gouttes d’eau qui dévalent son cou.

- Certaines facettes de ton mari restent secrètes, il faut croire, Nathan réplique dans un sourire entendu.

La vérité, c'est qu'il est un garçon plutôt calme, posé et réfléchi. Mais dire que son métier ne lui a pas laissé voir des horreurs est faux ; l'esprit de Nate s'est aussi développé dans la fréquentation d'esprits bien plus dérangés et créatifs que le sien. Sans parler de criminels, il suffit d'aller chercher un peu dans les membres de sa famille étrange.

Nathan embrasse Alej puis se détache pour jeter un coup d'oeil satisfait au rideau de la voisine qui occupe décidément bien trop leurs conversations du jour. Il s'éloigne ensuite et se débarrasse de son t-shirt pour aller profiter de la magnifique piscine hors de prix qu'ils ont fait construire dans leur jardin immaculée. Cette maison est presque une maison témoin tant elle est propre et bien rangée - ça choque toujours Nathan de réaliser que les officiers de l'immigration ne se contentent pas de prendre acte de leurs maniaqueries pour les laisser tranquilles. Quand on y regarde de plus près, la maison n'a pas l'air de renfermer deux personnalités dangereuses pour la vie des voisins - ni même pour celle des USA. Alejandro est prof, Nathan avocat, ils s'aiment, et parfois, la difficulté de leur vie ici met l'avocat dans tous ses états. Nathan supporte difficilement l'injustice de manière générale, encore moins quand elle est appliquée à son mari.

Alej le rejoint dans l'eau et s'approche pour l'embrasser à nouveau. Nate laisse glisser ses mains contre les hanches de son mari pour lui rendre son baiser, avançant jusqu'au mur de leur piscine pour y prendre appui.

- Je prends bonne note de tes exigences, mon mari, il murmure, contre ses lèvres, amusé. Sa jambe glisse pour encadrer la taille d'Alej dans l'eau, et il caresse sa joue avec tendresse. J'ai du mal à maîtriser mes horaires, ça ira mieux quand je serai installé tout seul, j'imagine.

Alejandro sourit. Il est vrai que Nate a toujours eu son jardin secret. C’est quelque chose qu’il d’ailleurs toujours accepté chez son mari. De même Nate n’a jamais cherché à changer quoi que ce soit au quotidien d’Ale. Il s’est accommodé de son cercle d’amis envahissant, des discussions en espagnol qui pouvaient parfois lui donner l’impression de ne pas appartenir au même monde que l’homme qu’il a pourtant épousé. Si leur relation fonctionne aussi bien, c’est avant tout grâce au respect extrême qu’ils ont l’un pour l’autre, l’espace qu’ils se laissent l’un à l’autre.

- Je crois que c’est mieux comme ça, je ne veux pas savoir.

Alejandro plaisante et accompagne le tout d’un rire franc. On ne peut pas dire qu’il soit inquiet à ce sujet finalement. Nate a toujours été d’une nature calme, une source d’apaisement pour Alejandro dont la frustration n’est pas toujours facile à gérer. L’équilibre qu’ils créent ensemble leur profite à tous les deux, et c’est ce qui fait incontestablement le succès de leur mariage, entre autres choses…
Nate s’approche en effet et Ale l’invite à poursuivre sur cette voie d’un baiser qu’il vient de nouveau chercher sur ses lèvres. Conséquence direct de ce rapprochement, Nate se montre plus entreprenant et leurs corps se frôlent inévitablement et dans un plaisir notable. Le contact de la peau de Nate contre la sienne déclenche d’ailleurs un léger frisson chez Alejandro dont le regard se pose cette fois-ci dans les yeux de son mari.

- Tu fais bien, je suis quelqu’un d’exigeant, difficilement satisfait, blâme mon côté perfectionniste pour ça…

Une nouvelle fois, leurs lèvres s’entrechoquent dans une passion qui leur ressemble. Un mélange de nécessité et de reconnaissance, la concrétisation d’une relation qui ne partait pourtant pas avec toutes les chances de son côté.

Nathan n'aurait pas l'étoffe d'un meurtrier, il le sait bien. Il le sait d'autant plus qu'il a eu l'occasion, dans sa vie professionnelle, de fréquenter des meurtriers - il sait comment fonctionnent ces types là, ceux qui osent, ceux qui vont au bout de la chose. Seulement il est quand même assez apaisant d'imaginer leur voisine morte et enterrée, dans l'incapacité de leur pourrir la vie. Cette vie qu'ils mènent tous les deux ici, ils l'ont gagnée, mine de rien. A force d'angoisse, de racisme subi, de longues heures passées à se torturer l'esprit. A force de travail et de persévérance. Nathan se souvient encore de tous les obstacles qu'ils ont franchi, les uns après les autres, et on ne peut pas vraiment dire que la jolie maison de Staten Island, avec sa jolie piscine chauffée, ne soit le reflet pur et simple de la vie qu'ils ont vécu jusqu'à présent. Nate ne regrette absolument rien, et il est pleinement heureux d'être marié aujourd'hui à Alejandro, et de vivre avec lui, ici. Il trouve juste particulièrement injuste qu'une sordide voisine raciste et homophobe continue de prétendre à leur pourrir la vie - elle, entre autres choses qui leur pourrissent la vie de manière générale.

Le corps de Nate s'approche irrémédiablement de celui d'Alejandro, et leurs lèvres se scellent dans un baiser plein de promesses. Nate se laisse embrasser, penchant légèrement la tête pour faciliter l'accès de son mari à son cou, et rit un peu.

- Ta réputation te précède, depuis le temps que je te pratique, mon cher mari, il répond dans un sourire tendre.

Bientôt, la piscine ne pourra décemment plus les accueillir s'ils continuent comme ça. S'il y a bien une chose que Nate peut admettre sans difficulté, c'est l'attraction qu'il ressent toujours pour son époux. Son corps se presse d'ailleurs encore un peu plus contre celui d'Alej dont il embrasse la mâchoire, avant de capturer à nouveau ses lèvres dans un baiser dépourvu de toute forme de chasteté. Nate glisse ses mains autour des hanches d'Ale pour le maintenir contre lui, et ses lèvres descendent doucement la ligne de son cou.

- Peut être que la voisine est jalouse, en fait. Je suis marié à un homme dont la beauté la rend malade, il murmure, au creux de son oreille. Il glisse jusqu'à rebord de la piscine où il pose une main, gardant l'autre autour des hanches d'Ale. D'ailleurs, je vais finir par avoir du mal à résister à mon mari magnifique s'il continue à m'embrasser comme ça.

Alejandro sait qu’il n’est pas la personne la plus facile à vivre du monde, il faudrait qu’il soit bien hypocrite pour prétendre une telle chose. Nathan arrive à le gérer plutôt bien cela dit, même si il est vrai qu’il est exigeant avec les choses et les gens qui comptent. Assez exigeant en tout cas pour que son mari l’ait remarqué malgré tout. Alors il lui adresse un sourire éblouissant. Il ne compte certainement pas s’excuser de sa personnalité à part, ils ont passé l’âge d’essayer de se changer mutuellement. Ale n’en a pas envie d’ailleurs. Nate et lui se sont bien trouvés et dans le fond c’est tout ce qui compte. Et puis il n’est pas si terrible que ça ?

- Je suis beaucoup plus tolérant maintenant que dans mes jeunes années. Tu ne m’aurais pas supporté. Je ne sais pas comment Ricardo a survécu d’ailleurs.

Alej laisse échapper un rire. Ricardo est mille fois plus difficile à supporter que lui, c’est sûrement l’explication à cette grande question. Mais malgré son exigence, il y a d’autres choses pour lesquelles le brun fait preuve de beaucoup plus de compréhension de façon assez surprenante. Disons simplement que les racistes et homophobes, et en particulier ceux qui portent l’uniforme, ne sont pas vraiment ses amis. Pour le reste, il est capable de plus d’indulgence, de tendresse aussi.
Le rapprochement des deux hommes est imminent cela dit et coupe court à toute réflexion trop poussée sur les caractères mutuels. Les mains d’Alej, jusque-là occupées par une Magarita, se libèrent pour caresser sa peau tandis que son corps ondule de façon suggestive contre celui de son mari.

- Quel flatteur tu fais Nate, on sait tous les deux que c’est toi le top model de Staten Island. Cette fausse modestie ne te va pas au teint.

Un baiser plus tard, le dos d’Alejandro heurte le mur de la piscine. Il retire ses lunettes qu’il pose à côté de son verre pour rejeter la tête en arrière, rieur.

- Mais enfin, c’est beaucoup trop facile de me remettre ça sur le dos, alors que c’est toi qui m’embrasse ?

Il ferme les yeux, laissant à Nate tout le loisir de s’affairer dans son cou. Alej oublie facilement la visite de l’immigration dans ce contexte. Il oublie même le retard de Nate qui devrait pourtant être sévèrement puni… Leurs regards se croisent, Alejandro lui offre un haussement d’épaule qui veut tout dire. Ils se fichent bien de choquer la voisine non ? Après tout personne ne lui a demandé de les espionner derrière sa fenêtre et ils ne sont pas responsables du vis-à-vis.