(if you listen closely you can hear me not caring)

Petit dernier des Wheelers, Felix est né neuf ans après sa sœur aînée, Linda. Surprotégé par sa mère, il n'a jamais manqué de rien, si ce n'est peut-être d'être confronté aux difficultés que la vie a tenté de mettre sur son chemin, au grand dam de son paternel qui n'a jamais compris pourquoi son épouse cherchait à garder le gamin dans une bulle de tendresse et de bien-être. C'est à l'adolescence que les choses se corsent et que Felix échappe inévitablement à la surveillance maternelle. Il a bien du mal à trouver sa place à l'école, ne comprend pas toujours ses camarades et, à l'image de ses parents qui ont toujours tout réglé avec de gros chèques, Felix tente de s'offrir leur amitié en se montrant un peu trop généreux. Une sortie au café du coin ? C'est lui qui règle l'addition. On commande des pizzas ? Il se rue littéralement sur la porte pour ouvrir au livreur et lui présenter sa carte. Ça ne fonctionne pas avec tout le monde et, évidemment, certains en profitent mais Felix est suffisamment naïf ─ ou assez doué pour le déni ─ pour ne pas le voir. C'est son père qui finit par lui ouvrir les yeux ou, plutôt, son comportement. Tenu à l'écart des tensions familiales, Felix ignore tout des déboires que connaissent ses parents et l'annonce de leur divorce est un véritable choc. Les infidélités du paternel, qui n'étaient apparemment un secret pour personne dans l'Upper East Side, le plongent dans une colère qu'il ne comprend pas. Il s'éloigne du père, se raccroche à la mère. La vie continue, moins joyeuse, moins faussement parfaite. Felix a du mal à encaisser, bien plus que sa sœur qui s'est depuis longtemps éloignée du cocon familial. Felix, lui, vit toujours chez maman malgré son entrée à Columbia. Il ne la quitte pas, ne peut pas la quitter, même si il se sent étouffer petit à petit. Son échappatoire, il le trouve en se perdant dans des rues que son entourage trouverait certainement terrifiante, en traînant dans des coins de New York où un môme pourri gâté dans son genre ne devrait pas atterrir, son carnet à la main, un crayon dans l'autre. Dessiner aurait pu être un choix de carrière mais son éducation et l'héritage maternel, fort de plusieurs sénateurs et d'une longue lignée de fervents défenseurs de l'Amérique pas forcément tous très recommandables, l'a quelque peu conditionné à n'y voir qu'un simple hobby. Une porte de sortie, une bouffée d'oxygène, loin de l'air conditionné grand luxe du penthouse familial.