Vera quitte le boulot plus tôt qu'à son habitude - elle s'engouffre dans un taxi avant même que sa montre n'indique dix-neuf heures, pour une fois. Elle pianote quelques messages sur son téléphone portable, échanges avec sa belle-soeur, pour s'assurer que son frère est bien seul ce soir - puis répond à sa mère qui la bassine encore avec son dîner familial pour les quarante ans de mariage des parents Gardner. Toute la famille sera là, tu te rends compte, et que vont dire les gens en voyant Nathan et Alejandro, et pourquoi Oliver ne répond pas, et toutes ces questions qui sont toujours les mêmes à chaque repas de famille. Addison Gardner a fini, avec les années, à se faire à l'homosexualité de son fils aîné, mais les évènements regroupant du monde sont toujours emprunts d'une angoisse particulière.
Tout de suite après le problème Nathan se trouve le problème Tristan. A chaque réunion de famille, c'est le même cirque - Addison demande à sa fille de ne pas inviter son meilleur ami (tout en se gardant de l'appeler meilleur ami, d'ailleurs, préférant de loin lui rabattre les oreilles en lui disant que Tris est son futur mari) - et chaque fois, Vera force un peu plus Tristan à l'accompagner, histoire d'emmerder le monde.
Cette année ne fera pas exception.
La seule chose que Vera espère, très secrètement bien entendu, c'est qu'elle pourra réussir à insinuer l'idée de venir dans la tête de son frère. Et même si elle sait qu'elle a presque cent pour cent de chances d'échouer, elle ne peut pas s'empêcher de tenter.
Et c'est la raison pour laquelle elle file vers le Bronx en taxi après s'être assuré qu'Oli est bien tout seul.
Vera a une stratégie assez élaborée, sur ce coup. Elle espère qu'en amenant le sujet de l'anniversaire de mariage, elle se fera recaler en bonne et due forme, mais qu'elle parviendra à gagner du terrain sur un autre sujet : Nate. Car autant, elle comprend le ressenti d'Oliver vis à vis des parents, ou de Theo qui souvent, joue aux fils parfaits, autant, elle ne comprend pas ce qu'il s'est passé avec Nate, et elle trouve idiot que les deux frères qui ont finalement tout pour s'entendre ne s'adressent plus la parole.
Il lui faut une petite heure pour faire le tour de la ville, acheter à manger, une bouteille de vin, et sonner chez son frère. Lorsqu'il lui ouvre la porte, elle lui offre un sourire radieux.
- Surprise, elle lance, guillerette, en lui claquant une bise sur la joue. J'ai su que tu passais la soirée tout seul et justement, moi aussi j'étais toute seule, alors me voilà.
Nouveau sourire - encore un peu plus élargit, cette fois. Elle abandonne le sac de bouffe thaïlandaise sur la table et retire ses chaussures - les talons, cette torture.
- J'ai apporté à manger et à boire, parce que je suis formidable, niveau grande-soeur. Ca va, toi ?
Pour une fois, il avait réussi à s'octroyer une soirée de libre. Même s'il était dommage que sa femme ne soit pas là pour passer ce moment avec lui. Soirée entre filles. C'était ce qu'elle lui avait dit. Il était dommage qu'elle ne soit pas là. Mais il allait pouvoir se reposer, regarder un match à la télévision, s'endormir sur le canapé jusqu'au retour de sa belle. Finalement, ce n'était pas une aussi mauvaise soirée qui s'annonçait. Il avait travaillé toute la journée à l'hôpital. Il n'avait pas vu l'heure passer. Entre les urgences et les consultations, son emploi du temps avait été très chargé. Cela lui faisait encore un peu bizarre d'avoir des horaires fixes. En Somalie, il n'y avait pas tout ça. Et il ne savait jamais sur quel cas, il allait tomber. Chaque jour était différent. Et c'était ce qui lui avait plu. Oui, c'était pour ça qu'il était resté cinq ans là bas. Il aimait ce pays. Il aimait l'Afrique. Il aurait pu y faire sa vie. Mais il savait qu'il était temps de rentrer aux États-Unis. Peut-être qu'il se sentait prêt à fonder une famille. Il ne le savait pas. Il le pensait. Il savait que sa femme avait ce désir. Mais avec la famille dysfonctionnelle qu'il avait, il avait des doutes quant au fait qu'il puisse être un bon père à son tour. Alors pour l'instant, il arrivait à temporiser. Et ce n'était pas plus mal. Ils pouvaient encore profiter de cette vie à deux sans enfant, sans autre obligation. Quoiqu'il en soit, se retrouver avec tout ce béton autour de lui, c'était un peu déstabilisant. Il s'était habitué aux paysages africains, aux uses et coutumes de peuples pour lesquels il avait beaucoup de respect. Aujourd'hui, il essayait de passer autant de temps qu'il le pouvait hors de son appartement, hors de quatre murs. Mais parfois la fatigue prenait le dessus. Et après avoir passé quelques heures au dispensaire, il était rentré chez lui. Comme il était seul ce soir, Oliver avait acheté une pizza royale au coin de la rue. Là, Francisco lui mettait une mettait un supplément d'olives et de champignons. Il adorait ça. Et c'était sûrement ce qui lui avait manqué en passant toutes ses années loin de New York. Les pizzas, les hot dogs lui manquaient. En chemin, il avait eu un appel de sa femme, lui annonçant qu'elle était bien arrivée à la soirée et qu'elle n'allait pas rentrer trop tard. Une fois chez lui, il posa la pizza sur la plan de travail de la cuisine avant d'aller se changer. Il prit une douche et il venait à peine de sortir de la salle de bain, vêtu d'un pantalon de jogging gris et d'un t-shirt noir, la serviette encore autour du cou qu'il entendit la sonnette de la porte d'entrée. Il n'attendait personne alors il était surpris d'avoir de la visite. Encore plus quand il découvrit Vera sur le pas de la porte. Surprise. Voilà c'était bien le mot. Elle l'embrassa sur la joue avant d'entrer dans l'appartement. « Je t'en prie, fais comme chez toi. » Un fin sourire aux lèvres, il referma la porte d'entrée avant de déposer ses victuailles sur la table. Il continua de se sécher les cheveux avec la serviette tout en gardant son regard sur sa sœur aînée. « Merci. Ça me réchauffe le cœur de savoir que je peux compter sur toi pour ne pas oublier de manger. » Il reposa la serviette sur son épaule avant de prendre les verres dans l'un des placards de la cuisine. « J'ai eu une longue journée. » Il se doutait que si Vera était là, c'était qu'il y avait une bonne raison. Et il se doutait un peu de ce qu'elle voulait lui parler. Oli posa les verres sur la table basse avant de relever les yeux sur sa sœur. « Que me vaut l'honneur de cette visite ? » Il se posa ensuite sur le canapé. Et dire qu'il était dans le temps pour regarder le match des Knicks.
Pour une fois, il avait réussi à s'octroyer une soirée de libre. Même s'il était dommage que sa femme ne soit pas là pour passer ce moment avec lui. Soirée entre filles. C'était ce qu'elle lui avait dit. Il était dommage qu'elle ne soit pas là. Mais il allait pouvoir se reposer, regarder un match à la télévision, s'endormir sur le canapé jusqu'au retour de sa belle. Finalement, ce n'était pas une aussi mauvaise soirée qui s'annonçait. Il avait travaillé toute la journée à l'hôpital. Il n'avait pas vu l'heure passer. Entre les urgences et les consultations, son emploi du temps avait été très chargé. Cela lui faisait encore un peu bizarre d'avoir des horaires fixes. En Somalie, il n'y avait pas tout ça. Et il ne savait jamais sur quel cas, il allait tomber. Chaque jour était différent. Et c'était ce qui lui avait plu. Oui, c'était pour ça qu'il était resté cinq ans là bas. Il aimait ce pays. Il aimait l'Afrique. Il aurait pu y faire sa vie. Mais il savait qu'il était temps de rentrer aux États-Unis. Peut-être qu'il se sentait prêt à fonder une famille. Il ne le savait pas. Il le pensait. Il savait que sa femme avait ce désir. Mais avec la famille dysfonctionnelle qu'il avait, il avait des doutes quant au fait qu'il puisse être un bon père à son tour. Alors pour l'instant, il arrivait à temporiser. Et ce n'était pas plus mal. Ils pouvaient encore profiter de cette vie à deux sans enfant, sans autre obligation. Quoiqu'il en soit, se retrouver avec tout ce béton autour de lui, c'était un peu déstabilisant. Il s'était habitué aux paysages africains, aux uses et coutumes de peuples pour lesquels il avait beaucoup de respect. Aujourd'hui, il essayait de passer autant de temps qu'il le pouvait hors de son appartement, hors de quatre murs. Mais parfois la fatigue prenait le dessus. Et après avoir passé quelques heures au dispensaire, il était rentré chez lui. Comme il était seul ce soir, Oliver avait acheté une pizza royale au coin de la rue. Là, Francisco lui mettait une mettait un supplément d'olives et de champignons. Il adorait ça. Et c'était sûrement ce qui lui avait manqué en passant toutes ses années loin de New York. Les pizzas, les hot dogs lui manquaient. En chemin, il avait eu un appel de sa femme, lui annonçant qu'elle était bien arrivée à la soirée et qu'elle n'allait pas rentrer trop tard. Une fois chez lui, il posa la pizza sur la plan de travail de la cuisine avant d'aller se changer. Il prit une douche et il venait à peine de sortir de la salle de bain, vêtu d'un pantalon de jogging gris et d'un t-shirt noir, la serviette encore autour du cou qu'il entendit la sonnette de la porte d'entrée. Il n'attendait personne alors il était surpris d'avoir de la visite. Encore plus quand il découvrit Vera sur le pas de la porte. Surprise. Voilà c'était bien le mot. Elle l'embrassa sur la joue avant d'entrer dans l'appartement. « Je t'en prie, fais comme chez toi. » Un fin sourire aux lèvres, il referma la porte d'entrée avant de déposer ses victuailles sur la table. Il continua de se sécher les cheveux avec la serviette tout en gardant son regard sur sa sœur aînée. « Merci. Ça me réchauffe le cœur de savoir que je peux compter sur toi pour ne pas oublier de manger. » Il reposa la serviette sur son épaule avant de prendre les verres dans l'un des placards de la cuisine. « J'ai eu une longue journée. » Il se doutait que si Vera était là, c'était qu'il y avait une bonne raison. Et il se doutait un peu de ce qu'elle voulait lui parler. Oli posa les verres sur la table basse avant de relever les yeux sur sa sœur. « Que me vaut l'honneur de cette visite ? » Il se posa ensuite sur le canapé. Et dire qu'il était dans le temps pour regarder le match des Knicks.