I flew up to your arms ― Felix

Un apparent voile de fraîcheur recouvre New York depuis quelques jours. Les habitants de la ville ont déserté les lieux, peu à peu, pour gagner leurs lieux de vacances, et c'est sans doute ce qui explique que le Marcello's soit aussi vide. A l'exception de deux ou trois tables remplies sur la vitrine, les autres sont désertes. Aidan contemple la pompe à bière qui lui fait face, luttant contre l’irascible envie d'aller trouver la petite porte qui mène au sous-sol, de descendre les quelques marches qui le séparent du graal, et de se servir un whisky sans glace en regardant danser les filles. Mais si, au premier étage, les clients ont quitté le navire, au sous-sol en revanche, l'ambiance va bon train et les places sont toutes prises. Et Aidan le sait, pour rester un gérant respecté, il faut réduire au maximum les apparitions alcoolisées au cours d'une soirée. Alors il reste là, au bar, à contempler les serveurs qui prennent les commandes de café, les gens qui observent la carte de dehors, le vigile qui surveille et autorise les gens à entrer.

L'attention d'Aidan finit par se porter sur un client - un jeune client - qui est installé au bar, quelques mètres plus loin. Il est penché sur un carnet, sans doute en train de dessiner, à en croire le geste léger de sa main sur le papier. Intrigué - parce qu'il est plutôt rare de croiser des artistes par ici, surtout des artistes seuls et jeunes près de son bar, la population étant plutôt constituée soit de groupes, soit de famille, soit de mafieux - ou assimilés - il s'approche en prenant son verre avec lui, pour jeter un œil aux dessins.

― If that's my restaurant that you're drawing at the moment, you'll have to offer me the sketches, il lance, d'une voix calme - plus pour engager la conversation que pour quoi que ce soit d'autre. Il porte son verre à ses lèvres et penche un peu la tête. Mind if I see ?

Se perdre à Brooklyn était en passe de devenir une mauvaise habitude chez Felix, du moins à en croire sa sœur. Pessimiste par nature, elle semblait convaincue qu'elle allait finir par recevoir un coup de fil un soir ─ tard, évidemment, parce que Linda n'était rien sinon dramatique à souhaits ─ qui lui annoncerait sa mort tragique après l'une ou l'autre de ses balades dans le coin. Pourquoi s'imaginait-elle qu'il déambulait dans les rues en pleine nuit, Felix n'en avait aucune idée. Probablement avait-elle regardé un peu trop d'épisodes de Law & Order. Peut-être n'avait-elle non plus aucune idée de ce que les gens normaux pouvaient bien faire à Brooklyn. Enfin, les gens normaux. Qui l'était réellement, normal ? C'était surfait, la normalité. C'était croire des mensonges durant des années et sourire en les écoutant pour finalement s'apercevoir que tout ça, toute une vie n'était qu'un tissu de saloperies. Non, vraiment, tout à fait surfait.

Felix n'errait donc pas dans les rues lorsqu'il quittait le penthouse maternel pour s'oublier un peu. Si l'Upper East Side était son univers, il s'émerveillait ici des découvertes qu'il faisait aux détours de rues qu'il ne connaissait guère. Le Marcello's en faisait partie. Il n'avait poussé la porte du diner qu'une fois, avait dû faire appel à Maps pour le retrouver mais c'est sans mal qu'il s'était abandonné à son carnet, cette fois armé pour garder les lieux en mémoire ― et en dessin, surtout. Le café commandé depuis un moment gisait à quelques centimètres de la page, à présent froid, et Felix, si concentré sur son esquisse, manqua de tomber de son tabouret lorsqu'il sursauta, brusquemment interrompu par une voix étrangère. Instinctivement, mû par un réflexe de gamin, il ramena son calepin à lui, dissimulant la feuille aux yeux ― bleus, les yeux, très bleus, si bleus, où diable étaient ses crayons de couleurs ? ― de l'inconnu. Du gérant des lieux, a priori. « I do, yes » lâcha-t-il, sans doute un peu trop véhément. Sa mère aurait sans doute eu honte devant tant d'impolitesse. Ce n'était pas comme ça qu'il avait été élevé. « I'm not done, not yet, reprit-il, plus doux, but feel free to stay and finish your drink, I should be, by then. Or, you know, I could be, if you get me one of these » ajouta-t-il, un vague sourire aux lèvres, désignant le verre que tenait l'inconnu. Peut-être un peu trop audacieux mais, après tout, on n'obtenait rien sans rien.

Comme il fallait s'y attendre, Aidan se fait rembarrer par le jeune client - dont il n'a pas souvenir d'avoir déjà vu les traits par ici, il s'en souviendrait, sinon. Il hausse une épaule, et offre un sourire amusé - et un peu sceptique aussi - quand le type lui propose de regarder quand il aura fini. Il l'observe quelques instants quand il comprend qu'il est en train de lui réclamer un verre, aussi, et hésite. Il n'offre rien aux clients d'habitude - sauf en bas, quelques verres pour les plus habitués, ou pour les jolies filles qu'il embarque après dans une luxueuse chambre d'hôtel dans laquelle il finit par les abandonner - du grand romantisme. Mais à cet étage, il ne fait pas de favoritisme, pas de traitement de faveur. Et son hésitation n'a rien à voir avec le fait que le type qui est en face de lui lui semble jeune.

― Right, il répond en penchant un peu la tête.

Il attrape un verre derrière le bar dans lequel il verse un whisky écossais qu'il achète à prix d'or - même en haut, il tient à ce que l'établissement soit à la hauteur de sa réputation.

― You do know it's scotch, right? il demande en poussant le verre vers lui avant d'y ajouter de la glace.

Il tire ensuite un tabouret pour s'installer en face de lui et s'autorise même à tirer une cigarette de la poche intérieure de sa veste. A cette heure-là, rare son les clients qui viennent encore s'installer au premier étage. Alors il peut bien filmer dans son propre établissement - qu'on vienne le chercher un peu. Il l'allume et la glisse entre ses lèvres, en avalant une gorgée de son verre - en regardant le type dessiner, en face de lui.

Il allait lui demander sa carte d'identité, Felix en était à peu près certain. Ça lui arrivait régulièrement, la faute des gènes, de son visage de bébé, de ses manières d'adolescent paumé. Et, à bien des égards, c'était exactement ce qu'il était, un môme perdu, accroché à ses crayons, pendu à ses carnets comme il l'aurait été à une bouée de sauvetage. Un gamin qui jouait à être adulte. Le plus souvent, la carte d'identité ne suffisait pas, on lui demandait où il avait pu se procurer un faux aussi bon et sa carte de crédit faisait le reste. L'argent, toujours, l'éternelle solution. Ça aussi, c'était génétique sans doute. Par bonheur, le type aux yeux bleus ne posa pas de question, ne lui demanda pas ses papiers et ne le pria pas non plus de retourner chez sa mère. Intrigué, Felix oublia un instant son esquisse pour se demander ce qui avait pu inspirer cet instant d'hésitation. Il ne lui en fallait jamais beaucoup pour s'interroger sur les gens qui l'entouraient, proches comme inconnus. Ce qui leur passait par la tête, ce qui les réveillait la nuit, ce qui les passionnait sur l'instant, sans réfléchir. Autant de questions auxquelles il ne pouvait pas réellement répondre. Ça ne l'avait jamais arrêté ceci dit et ses calepins étaient couverts de réponses souvent très personnelles. Peut-être en trouverait-il sur ce type-là, plus tard. Il croisa son regard et, sans comprendre, se sentit rougir, baissa les yeux. Sur la courbe de son cou d'abord, offert à sa vue par un mouvement de tête perplexe. Sur son dessin finalement, rassurant, connu. Felix ne se redressa qu'une fois l'inconnu retourné, affairé au service. Les gestes étaient assurés, confirmant qu'il travaillait bien là. Qu'il était sans doute bien le propriétaire des lieux. Felix en avait-il douté ? Un peu, oui. Après tout, les gens passaient leur temps à mentir. Il reposa bien vite les yeux sur son travail, laissé inachevé. Reposa son crayon sur le bar, finit par y abandonner son carnet pour retrouver les yeux bleus, perdus derrière un volute de fumée. L'image semblait tout droit sortie de l'un de ces vieux films dont sa mère raffolait. Felix esquissa un sourire narquois. « You do know it's Gucci, right? » singea-t-il, tirant sur la manche de sa veste. Vantard, il savait l'être quand il s'agissait d'amuser la galerie. Ou de se protéger, au choix. Il haussa un sourcil avant de s'emparer du verre posé devant lui. « So yeah, I know what scotch is, thank you » ajouta-t-il avant sa première gorgée. La seconde suivit rapidement, puis le reste du verre. Il frissonna, ravalant tant bien que mal la quinte de toux qui menaçait de le secouer. « It's... nice. For a place like this. Quite surprising actually. I didn't know there were so many nice things this side of town » Quel petit imbécile. Difficile de blâmer l'alcool qu'il venait d'ingérer. Felix avait beau être plutôt frêle, son système n'avait décidément pas absorbé tout ça aussi vite. Non, c'était la faute de ces yeux bleus, toujours posés sur lui. Il chassa la fumée d'une main, comme agacé par la vue qu'elle gâchait. Clairement agacé, plutôt.

Aidan leva légèrement les yeux au ciel quand le brun tira sa veste pour en arborer la marque fièrement, un sourire presque attendri, surtout insolent, venant arquer ses lèvres.

― Gucci and beautiful, as I see, il réplique, d'un ton légèrement ironique, tout en jouant avec la cigarette qu'il vient d'allumer. And I guess you perfectly know what Scotch is, I just wanted to be sure it's scotch you actually want to drink, il précise en l'observant finir le verre en trois gorgées.

Aidan n'a pas vraiment l'habitude de ce genre de profils dans son bar, pour être tout à fait franc. Entre les familles ou les habitués qui viennent savourer la nourriture du restaurant, et les richissimes qui fréquentent les galeries en bas, il est rare que qui que ce soit ici s'essaye à un cul-sec d'un verre de Scotch issue d'une bouteille qui est peut être plus vieille que la personne qui se tient devant Aidan, d'ailleurs.

Cela dit, il ne dit rien, se contente de sourire, et tire le verre vide à lui pour le re-remplir.

- Cheers, il lance en cognant son propre verre contre celui du brun avant d'avaler une gorge qu'il savoure avant de glisser à nouveau sa cigarette entre ses lèvres. May I ask what you're doing, losing yourself in that part of the city, if you're not used to it?

Il est absolument certain de n'avoir jamais vu ce type dans les parages - il s'en souviendrait, sinon.

- What side of the town are you familiar with ? il demande, haussant un sourcil curieux. Name's Aidan, by the way, and as you may have guessed from the free drinks, I own the place.

Il pouvait presque entendre la voix de sa mère, un rien réprobatrice, un rien attendrie aussi. Don't brag Felix, it's not cute. It wasn't bragging if it was true though. Il suffisait de s'arranger un peu avec la vérité, une spécialité familiale. « If I say I want scotch, then I want scotch » répliqua-t-il un peu trop brutalement, comme un môme pris en faute qui tenterait de se justifier, sale habitude qui n'arrangeait guère ses affaires lorsqu'il s'agissait de faire comprendre aux autres qu'il n'était plus un gamin. Ses joues encore rondes et son visage poupin n'aidaient pas non plus, cela dit, mais au lieu de se fendre d'un grand éclat de rire moqueur ou même de le jeter dehors en l'accusant d'être mineur ― ce qui était déjà arrivé malgré l'authenticité de sa carte d'identité ― le propriétaire des lieux lui reservit un verre, un sourire énigmatique aux lèvres. Felix s'arrêta une seconde sur cette bouche fine, l'envie de la coucher sur le papier plus forte que jamais. Il sursauta en entendant sa voix puis les verres s'entrechoquer, trop distrait par ses observations pour anticiper le moindre mouvement. « C-cheers » répondit-il, maladroit, en baissant les yeux. Mieux valait ne pas descendre ce verre-là aussi rapidement que le premier. Il l'examina avec attention, comme s'il s'agissait du détail le plus important de toute la pièce, se refusant à lever le nez pour poser les yeux sur l'inconnu, préférant ignorer sa question plutôt que de recroiser son regard si bleu ― ou pire, sur ses lèvres, même par intérêt artistique, même seulement, uniquement par intérêt artistique. Felix avait pourtant dépassé sa timidité naturelle depuis un moment mais quelque chose clochait. Il se redressa finalement sans avoir touché au verre, attiré par la nouvelle information. Son prénom. « Aidan » répéta-t-il lentement, un vague sourire aux lèvres. Il l'observa un instant, une seconde, peut-être dix, peut-être plus, sans cesser de sourire, perdu dans ses yeux bleus. « I'm Felix and as you may have guessed from the sketchbook and pencil, I like to draw. Would love to do you, if you're, well, up for it. I don't think I've seen a face like yours in Manhattan but then again, the Upper East Side can be quite dull and boring once you know it » Il ignorait d'où lui venait cet élan audacieux. L'ennui, peut-être. L'intérêt artistique aussi, certainement. Juste ça, évidemment.

― Right, il finit par répondre, en levant les mains en signe de paix. Loin de lui l'envie de juger - il aime le scotch comme s'il était écossais, ou presque. Simplement, il se souvient avoir préféré longtemps la douceur des cocktails et des mélanges, quand il était plus jeune. Il n'a pris l'habitude des alcools forts que plus tard, en vieillissant - même s'il s'entêtera toujours à répéter qu'il n'est pas bien vieux, ce qui est fondamentalement vraie. C'est sa vie qui le vieillit, sans doute, cette vie dont il ne veut pas vraiment, qui lui donne l'impression féroce d'être prisonnier de quelque chose qu'il ne comprend pas vraiment. Lui, il aimerait pouvoir consacrer ses journées à ne pas penser, à ne pas avoir de responsabilités conjugales. Et, entendons-nous bien, il est le seul responsable de la situation. Il est coupable de naïveté, pour avoir cru, un temps considérable, qu'il pourrait être un bon père de famille, un mari dévoué, un monsieur tout le monde avec une jolie maison, une jolie voiture, un joli boulot et une jolie gamine. Mais tout est trop lisse, au point ou parfois, tout ça le dégoûte.

Il trinque et avale deux gorgées de son verre qu'il repose devant lui, penchant un peu la tête quand le nouveau venu répète son prénom, avec cette voix si particulière attachée à sa propre jeunesse. Il est beau, avec ses cheveux bouclés et son air nonchalant. Pas mignon, comme l'on pourrait qualifier un gamin, non. Beau, avec son crayon dans la main et son verre devant lui, une légère grimace sur les lèvres, presque un sourire insolent.

― I've guessed, yes. I'm extremely clairvoyant, as you can see.

Il se targue d'un sourire et ses doigts caressent le bord du verre - un ricanement s'échappe de ses lèvres quand il entend la suite.

― I think there are a thousand faces like mine everywhere in New-York, to be honest, but thanks, feeling unique for a few seconds is nice. As far as doing me, il enchaîne, en insistant un peu sur ses derniers mots, un sourire au coin lui dessinant les lèvres, please feel free, but I should close first, if you don't mind. Otherwise we'll be disturbed by drunk clients, and I don't really want that.

La dualité des mots l'amuse, et il s'en donne à cœur joie.

Felix s'était engagé dans un jeu dangereux, un sale petit jeu qui pouvait très bien l'amener à se faire jeter dehors par le col de sa veste hors de prix, un sale petit jeu qui était devenu sa seule source de stimulation. Il n'était pas particulièrement courageux, savait s'approcher du précipice puis reculer au dernier moment avec l'habilité des addicts à l'adrénaline. Se faire peur, oui, mais jamais bien longtemps. Pourtant, face à ce type ― Aidan, Aidan, Aidan, le prénom roulait dans sa tête en une farandole entêtante, séduisante aussi ― Felix n'avait pas peur, pas vraiment. Hâte, plutôt. De quoi, exactement, il n'en était pas certain mais puisqu'on ne l'avait pas encore mis à la porte, il était bien décidé à le découvrir. Il avait, toutefois, parfaitement conscience d'avoir franchi l'une de ses limites personnelles. Si solitaire qu'il fut, Felix n'en était pas pour autant timide mais jamais encore n'avait-il eu l'audace de se jeter aussi effrontément aux pieds de quelqu'un. S'ennuyait-il à ce point ? Non, pas vraiment. Sa famille jouissait de bien trop de privilèges pour ça et il ne manquait pas d'imagination. Il suffisait d'un détail pour égayer sa journée, pour faire courir dans ses doigts le besoin, familier à présent, d'attraper un crayon et de couvrir page après page de la même paire d'yeux, d'un seul menton, de la courbe d'un poignet, sous de trop nombreux angles. Le désir que lui inspirait le sourire qu'il avait sous le nez n'était pas si différent ― excepté que papier et stylo ne faisaient plus partie de l'équation. Aidan semblait l'avoir compris et Felix, bien malgré lui, se sentit rougir. C'était idiot, un peu hypocrite aussi mais il était bien plus habitué aux propositions indécentes inspirées par l'alcool et bien vite oubliées qu'à une si claire honnêteté. Ils pouvaient prétendre, l'un comme l'autre, jouer sur les mots, l'intention était tout à fait limpide. Pour Felix, du moins, et il fallait qu'il en ait le cœur net. « Just so we're clear, I think I'd rather kiss your face than draw it » Forward, way too forward. Was it the scotch talking? Yes, probably. Definitely. Definitely the scotch talking.

Aidan ne peut retenir un sourire amusé. Il comprend tout à fait ce qu'il se passe, en réalité. Il a compris assez rapidement - il est perspicace, le blond, et surtout, il sait quand il doit faire taire la petite voix culpabilisante au fond de sa tête pour se permettre de vivre une soirée tranquille. Il a l'habitude de se faire draguer, surtout ici. Il faut dire qu'il est souvent partant pour donner de sa personne en retour, ce qui conduit très souvent à des débuts de nuit passées dans le petit appartement qu'il a aménagé au dessus du bar, ou dans des hôtels proches. C'est beaucoup plus simple pour lui, en réalité, d'enchaîner ces nuits, ces rencontres, ces instants d'abandon et tout le reste, plutôt que de devenir sentimental. Même avec Teagan, dont il prétend oublier l'existence lorsque les soirées dérivent, il ne parvient jamais à être complètement honnête, complètement ouvert. Il se sent trop vulnérable pour ça, préférant de loin cette carapace d'insouciance qu'il a construit avec les années. Il se lève soudainement et contourne le bar pour aller fermer la porte du bar. De cette manière, ils seront tranquilles - sauf si un des clients du bas venaient à remonter de manière improvisée. Il songe un instant d'ailleurs qu'il pourrait attraper la main de Felix pour l'emmener en bas, là où les vraies choses se passent - lui servir un verre, glisser une cigarette entre ses propres lèvres, lui donner l'occasion de découvrir une autre facette du quartier - mais il est sans doute un peu trop tôt pour prendre ce genre d'initiative. Alors, il s'approche, tire le tabouret à côté de celui du brun, et s'installe sur le tabouret, le même sourire charmant et un peu insolent scotché aux lèvres. Il pose son bras gauche sur le bar, et ses doigts pianottent sur le bois poli.

― Oh, I think I've been enlightened when you told me you wanted to do me, il murmure, son sourire s'élargissant légèrement.

Sa main libre glisse sur la cuisse du brun et il penche un peu la tête.

― Feel free to do whatever you want with my face, though. Draw it, kiss it...

Tester, jouer. L'adrénaline le gagne à nouveau, accélérant la course de son coeur. Là, il se sent vivant. Là, il se sent bien. Là, il est là où il doit être.