(FB England) Can You Hear My SOS - ft Daniel

Elle a menti. Et pourtant Lexie n'est pas une menteuse, mais si elle lui avait dit la vérité, jamais il ne l'aurait laissé sortir. Alors elle a menti, dit qu'elle allait retrouver une amie pour répéter. Et pas Daniel. Parce qu'il n'aurait pas compris, parce qu'il n'aurait pas accepté, parce qu'elle ne supporte plus les cris et les insultes et les suspicions, mais qu'elle est tellement entoilée qu'au fond, la comédienne ne sait même pas si elle pourrait s'en sortir, et le veut-elle réellement ? Qu'est-ce qu'elle est sans lui après tout ? " Rien ", la voix dure et froide – si différente des premiers instants – semble lui crier dès qu'elle y réfléchit. Elle ne se reconnaît plus Lexie, pâle, les yeux cernés, une copie floue et abîmée de ce qu'elle était. La violence appelle la violence, mais seulement contre elle-même il semblerait. Et elle se sent faible. Alors, elle prétend, fait semblant que tout va bien, continue de voir ses amis, un œil toujours rivé sur sa montre, va travailler, mais la boule au ventre. Et espère, quelque chose. Mais quoi ? Elle n'en sait rien. C'est comme si elle marchait dans un brouillard qui n'en finit plus et qui manquerait de l'étouffer si seulement elle prenait un temps pour s'arrêter. Alors elle avance vers le vide, vers l'angoisse en mentant à tous et surtout à elle-même.

Les bruits du café cosy dans lequel elle se trouve semblent la sortir de cette torpeur, de cette aigreur, et elle finit par relever la tête vers son interlocuteur, son ami qu'elle a arrêté d'écouter depuis déjà quelques minutes. Les pensées ne se fixent plus assez longtemps. Des minutes se perdent et le temps se délite. Combien de temps ça lui prend maintenant d'apprendre quelques lignes ? Elle ne préfère pas y penser. Le bilan est bien trop catastrophique. Un soupir l'agite, tandis que ses doigts fuselés aux ongles rongés s'acharnent sur le sweat d'un gris aussi terne que ses yeux jadis éclatants. Elle ne prend même plus la peine de s'habiller avec style, n'a pas réellement le choix « tu ne vas pas sortir habillée comme ça si ? Tu sais à quoi tu ressembles dans ce jean ? Et tu penses que je vais laisser les autres mecs te mater. » Non, Lexie ne veut plus entendre ce venin qui se cache derrière les compliments, la possessivité maladive tapie derrière les preuves d'amour. Si elle y réfléchissait deux minutes, si ses émotions n'étaient pas comme engourdies, elle verrait que quelque chose ne colle pas. Mais le brouillard s'épaissit, devient aussi lourd qu'une chape de plomb et la blonde s'y étouffe.

Elle secoue la tête, tente de se reprendre, de revenir à elle et finalement des mots sortent de sa bouche pâteuse, de son esprit enfumé. S'en veut de ne plus être capable de simplement profiter de l'instant présent, d'un moment bien sympa avec cet ami qu'elle connaît depuis si longtemps maintenant, malgré les absences, les départs, les silences. Alors, ses doigts sans ongles se plantent forts dans le bras maintenant sous la table, petit coup d'adrénaline pour se prouver qu'elle vit toujours et qu'elle ne fait pas que survivre. « Tu disais Daniel ? Je crois que j'ai eu une absence. » et le sourire qui va avec aussi faux que parfait, pensant qu'elle ne laisse rien paraître. C'est une bonne actrice Lexie, seulement ces derniers temps le masque s'effrite.