guac party | la bande

Rien de tel qu'une petite visite de l'immigration pour mettre Ale de bonne humeur. Si les flics sont désormais allés emmerder d'autres habitants du quartier, le professeur en a profité pour pousser la provocation plus loin encore. Whitman ne veut pas d'immigrés dans le quartier ? Très bien. Alejandro a l'esprit de contradiction suffisamment développé pour faire chier, quitte à s'attirer des ennuis au passage. Se laisser faire trop peu pour lui. La situation n'est pas idéale et Nate a sûrement raison de l'inciter à se calmer un peu, mais sa voisine devra subir les représailles quoi qu'il arrive. Ses tentatives d'intimidation ne peuvent pas rester impunies, et c'est donc avec classe que le professeur compte répliquer.

Avec son grand sourire hypocrite, il sort donc dans dans le jardin pour installer une grande table qu'il prend soin de décorer avec sa maniaquerie habituelle. Lorsque le regard de Trish croise le sien, son sourire s'agrandit et il lui offre même un petit signe de main. La vielle dame n'est pas dupe, mais elle ne peut pas lui reprocher d'avoir des manières. Quelle le veuille où non, elle devra subir la diversité culturelle des fréquentations de Nathan Cox, à commencer par son mari qu'elle déteste tant et qui a prévu de recevoir le gratin de Staten Island et de Brooklyn à de pas de chez elle.

Au programme, Cocktails, musique du monde, et cuisine épicée. Trop épicée pour certains standards peut être, mais Nathan pourra toujours acheter quelques bricoles pour parfaire cet apéritif dînatoire qui aura lieu juste sous le nez de la voisine. A l'origine, par simple goût de la provocation, il avait pensé à glisser un carton d'invitation sous sa porte, mais l'avocat l'avait alors convaincu de ne pas pousser le bouchon trop loin (maurice), ce qu'il a fait, puisque c'est un gentil garçon.

Lorsque les invités arrivent, Alejandro regarde sa voisine se décomposer en arrosant ses plantes. Il aurait pensé qu'elle se serait habituée avec le temps.

Montgomery roule les manches de sa chemise dans un geste précis, maintes fois répétés. Il sait que ça lui donne l'air d'être plus musclé qu'il ne l'est et aussi ne se prive pas de cette petite technique simple, bien préférable à un passage à la salle de sports. Il se demande d'ailleurs un instant si l'abonnement qu'il a pris sur un coup de tête s'est renouvelé automatiquement. Ugh, il faudrait peut-être qu'il se penche sur la question.

Mais pas tout de suite, sinon ils seront en retard et Jameel lui fera une vie. Lui n'a jamais eu le moindre scrupule à arriver au moins une demi-heure après l'heure indiquée, c'est même recommandé dans la haute société. Plus on arrive en retard, plus on est important. Et jamais, ô grand jamais ne doit-on être en avance. Ca donne l'air trop zélé et puis, si la maîtresse de maison n'est pas prête, c'est du plus mauvais goût.

Son meilleur ami n'a que faire des principes archaïques qui ont régi son enfance cela dit et ils doivent donc prendre le métro sous peu. Monty quitte finalement la salle de bains, estimant son coiffé/décoiffé plutôt réussi. Il se dirige vers la cuisine et sourit à Jam, déjà prêt bien entendu. « Merci d'avoir pris le plateau de fromage hein, ça m'était complètement sorti de la tête ! » Typique. Mais au moins, il avait choisi un bon vin de la large cave aménagée par Papi et il était fin prêt. Ou presque. « Ceci dit, qu'est-ce tu penses de cette chemise? Je suis pas convaincu par la couleur... » Le lilas c'était peut-être un peu trop... Un peu trop.

Une fois ses petits problèmes de fashionista résolus, ils finissent par arriver à Staten Island. Le bout du monde pour Monty. Il apprécie Alejandro et toute la petite bande qu'il réunit régulièrement mais pourquoi a-t-il choisi de s'exiler dans cette banlieue prospère ennuyeuse à mourir, ils ne comprendra jamais. Ils ont passé un Target, un bar de sport remplis de père de famille bedonnants et une école de tennis. Pourquoi, quand on peut vivre... Et bien, n'importe où à New-York?

Aussi, Monty ne retient pas une petite blague quand il fait son entrée dans le jardin, parfaitement soigné et préparé. « Franchement Paredes, on a pas idée de vivre si loin de la civilisation? En vrai, si j'arrête de venir te voir, c'est parce que ce métro aura volé mon âme. » Il pose les victuailles sur la table et note la charmante voisine de ses amis, occupée à les observer d'un air mesquin et à inonder ses plantes. « Oh, bonjour Mrs Whitman, comment allez-vous? Si je puis me permettre, je crois que avez un peu trop arrosé. » Sourire d'enfant de choeur et tenue du gendre idéal, le jeune homme reste persuadé qu'il peut encore se mettre la vieille peau dans la poche. Mais elle s'avère aussi homophobe que raciste et ne le tolère donc guère mieux que ses amis. « Enfin, bonne soirée madame ! » Il se retourne vers ses hôtes et, toujours courtois n'en déplaise à ce que certains - et certaines - peuvent dire engage les politesses d'usage. « Sinon, ça va vous deux? Vous avez pas trop cherché d'embrouilles ces derniers temps? » Ironique, venant de lui. Et pas sûr que Jameel apprécie beaucoup la plaisanterie.

« Mamamama. » Emma s'accrochait au jean noir de sa mère, cherchait son équilibre encore précaire sur ses jambes. A dix mois, son caractère commençait à se forger et elle savait déjà ce qu'elle voulait et ce qu'elle ne voulait pas. En l'occurrence, elle cherchait les bras de Teagan, comme la plupart des enfants et elle était déterminée à ne pas lâcher l'affaire jusqu'à ce que sa mère cède. « Tu veux aider maman? » La petite fille calée dans un bras, la brune lui donnait un citron vert entier, de quoi l'occuper pendant qu'elle finissait sa fameuse Margarita - lui donner un quartier de citron, elle réservait ça pour plus tard, ça serait d'autant plus drôle une fois entourée de ses amis.

La boisson fin prête dans une main, le sac du bout de chou coincé sur l'épaule, le bout en question dans les bras, elle remerciait intérieurement Alejandro d'habiter si près et d'être celui qui invitait en majorité la petite bande. Elle aimait sa fille plus que tout au monde mais il fallait l'avouer, c'était une sacrée galère de se déplacer dès l'instant où l'endroit était un peu loin. Il fallait pas se leurrer et arrêter de se voiler la face, avoir un enfant, c'était pas rose sur tous les plans, bien au contraire. Pour le coup, ça l'arrangeait bien que la maison de l'hôte se trouve à côté de la sienne... si on en oublie celle de Whitman. Par moment, Carter avait la fâcheuse idée de vouloir profiter de son statut d'Américaine parfaitement ordonnée pour la provoquer, lui faire peur pour la faire dégager.

Elle l'aurait probablement fait si ça ne mettait pas en péril ses camarades qu'elle rejoignait au pas de course dans le jardin, filant droit vers Alejandro. « Prends ça, vite vite vite! » Le bol à punch d'au moins trois litres tenu à bout de bras commençait à peser lourd... Il allait vraiment falloir qu'elle se mette au sport pour prendre un peu de muscles, ça craignait franchement à ce niveau-là. Emma, quant à elle, souriait à Alejandro du peu de dents qu'elle avait, autrement dit les deux du haut. « Vous étiez pas déjà dans les potins sans les copains quand même? » qu'elle balançait à son interlocuteur ainsi qu'à Wood tout en posant la petite dans l'herbe. No way de commencer sans la bande, non mais oh!

Nathan est serein. Il n'a pas travaillé la veille, ce qui lui a indéniablement permis de profiter de son mari, et ils attendent désormais que leur jardin soit envahis de proches - surtout des proches d'Ale, pour être tout à fait honnête sur ce point. Nathan n'a que très peu d'amis proches, en dehors des collègues de travail avec lesquels il s'entend bien. Il a mis la main à la pâte ce matin, même s'il lui est interdit de confectionner la moindre cuisine mexicaine à la place de son mari. Il a fait des petites verrines, des petits-fours, et une énorme salade de fruit. Il est allé acheter des bières, aussi, pour les puristes - et des boissons diverses et variées pour permettre aux talents de spécialiste du cocktail de son mari de s'exprimer. Même s'il est absent, trop absent, qu'il travaille trop, que les temps sont plus difficiles qu'à un autre moment, Nathan aime son mari et il tient à ce que la journée soit belle pour lui.

Evidemment, Mrs Whitman est à l'affut, sur la pelouse de son jardin. Ses voisins homosexuels - et étrangers pour la moitié d'entre eux - reçoivent d'autres étrangers et d'autres homosexuels dans leur jardin. C'est à proprement parler un scandale. Nate est étonné qu'elle ne soit pas déjà morte, en réalité. C'est tout à fait intéressant, et ça en dit long sur les capacités de résistance de la vieille peau.

Montgomery arrive le premier, et Nate lui offre un sourire de bienvenue en le laissant disposer ce qu'il a apporté sur la table préparée un peu plus tôt dans la matinée.

- Ca va. On n'a pas encore tué la voisine, comme tu as pu le constater, ce qui est plutôt bon signe pour le reste de notre vie. Cela dit, vu ses regards insistants, je me demande si on ne ferait effectivement pas bien de l'inviter, il réplique, un sourire en coin au bord des lèvres, glissant une main affectueuse dans le dos de son mari - pour provoquer un peu la vieille, aussi, objectivement. Et toi, ça va ?

Voilà Teagan qui débarque avec sa fille. Nate embrasse le coin des lèvres d'Ale et lui rend sa liberté.

- On n'a rien commencé du tout, pour l'instant, il répond en faisant un petit signe de la main à la petite fille. Elle est décidément adorable, et Nate se sent déjà fondre en prenant la petite main d'Emma dans la sienne. Elle est tellement adorable, il murmure, incapable de s'empêcher de sourire. Je te débarrasse ?

Il aide Teagan à se décharger et ouvre le parasol installé un peu plus tôt pour faire de l'ombre à ceux qui le souhaitent. Leur maison est belle, et, un peu nostalgique sans doute, Nate pourrait presque y voir une famille.

La maison de son frère résonnait déjà de rires et de conversations lorsqu'Anjelica arriva, une fois n'est pas coutume, un peu en retard et les mains vides. La maison ou, plutôt, le jardin, pour le plus grand plaisir de la voisine évidemment. Cette horrible petite vieille faisait preuve d'une incroyable ténacité pour son âge. D'aucuns auraient pu croire qu'un tel rassemblement ─ pride meeting Ellis Island, le début d'une mauvaise blague entre gens peu civilisés ─ l'aurait poussée à rentrer chez elle, ou pire, à passer l'arme à gauche. Mais non, elle était toujours là, bien vivante, bien raciste, bien plantée sur sa pelouse. Anjelica lui adressa un signe de la main et un grand sourire, le même sourire qu'elle s'était forcée à présenter au début, après son déménagement. Un sourire qu'elle ne forçait plus maintenant, plus vraiment. Et, après tout, difficile de ne pas avoir envie de mettre mal à l'aise une raciste. « Commencer quoi ? » lança-t-elle, enjouée ─ comme si débarquer en pleine conversation n'avait rien d'embarrassant. Plus maintenant, non. Pas chez son frère, en tout cas. Elle se glissa à ses côtés, ses compensées s'enfonçant silencieusement dans l'herbe, et l'embrassa sur les deux joues avant de reprendre : « j'espère qu'on parle de cocktails. Ou de se débarrasser de cette vieille peau » ajouta-t-elle avec un sourire. Le même, toujours le même. Vieille habitude ou réelle envie, il lui permettait au moins de se sentir bien, à l'aise, presque à sa place. L'irritante voisine de son frère aurait probablement eu un autre avis sur la question mais il y avait longtemps que ce genre d'opinions ne comptaient plus, si tant que c'eût été un jour le cas. « Où sont les retardataires ? » s'enquit-elle, tout à fait innocemment, les yeux rivés sur la fille de Teagan. Tout à fait adorable, cette môme. Et, en plus, le parfait prétexte pour éviter de croiser le regard de son frère ou de Nathan. Parfait, parfait.

- Hello, Mrs Whiteman !

Ricardo offre un signe de la main et le sourire le plus hypocrite du monde à la voisine de son meilleur ami, Mrs Whitman – oui, il a volontairement écorché son nom et il en ricane pendant plus de trente secondes. Pour être tout à fait honnête, il a mis en place cette petite blague pour éviter d’avoir à expliquer le rire nerveux qui le prend depuis que la maison d’Alejandro est en vue. Ses doigts entrelacent ceux de son mari, mari qui n’était pas supposé venir car travaillant de nuit mais qui aura tout de même décidé de venir dire bonjour à la bande à momo avant d’aller travailler… au grand dam d’un Ricardo plus nerveux que jamais à l’idée de réunir dans la même pièce « l’homme de sa vie » et celle qui lui fait tourner la tête.

Il finira chèvre, un jour.

Son sourire s’élargit lorsqu’il entre dans la pièce sans grand bruit par rapport à d’habitude. Lui qui est habitué aux arrivées remarquées, il tente tant bien que mal de ne pas communiquer sa nervosité, à commencer par : ne croiser le regard de personne. Et sûrement pas celui d’Anjelica. Il se détache de Sebastian sans vraiment s’en rendre compte, offrant à l’assemblée un geste de la main en guise de salutations, et se dirige vers Alejandro.

- Cadeau, lui lance-t-il en lui fourrant une bouteille de tequila dans les mains. On n’a jamais trop de tequila. On n’a jamais trop d’alcool tout court, en vrai.

Désespoir dans son regard. Heureusement que son mari n’en a que pour une heure… pour une fois qu’il est là.

- La civilisation est beaucoup trop loin de mon lieu de travail, Wood. Et puis j’ajoute un peu de couleur dans le quartier, pour le plus grand plaisir des voisins.

Staten Island a ses défauts il est vrai. En dehors de quelques café librairies absolument adorables et de ses plages privées, Alejandro admet facilement qu’il n’y a pas grand-chose à faire ici pour un couple sans enfants. Aussi, il comprend tout à fait l’attrait de Brooklyn, même s’il n’est pas prêt à renoncer à sa grande cuisine et à sa piscine chauffée pour autant. Nate et lui sont très bien ici, en dépit de la voisine raciste, qui reste cela dit une source de distraction assez importante malgré tout. Et puis ses amis sont ses voisins, des amis suffisamment intéressants pour déloger Monty et Jameel de leur centre adoré d’ailleurs… Ce n’est donc pas si terrible que cela quand on y réfléchit bien.

Charmant avec ses petites attentions, Nate s’approche d’ailleurs de lui et lui vole un baiser au passage. Il accueille ensuite Monty et Jameel aussi piquant qu’à l’ordinaire lorsqu’il s’agit de Whitman. La provocation qui accompagne sa tendresse reste délicieuse alors même que sa main glisse doucement dans son dos.

- On a pas vraiment besoin de le chercher tu sais. Généralement elles savent où nous trouver les embrouilles. On a eu une visite de l’immigration il y a deux jours d’ailleurs. Des gens charmants.

Il hausse une épaule, se rue sur Teagan pour l’aider à se débarrasser d’un énorme saladier de punch qui pourrait probablement alcooliser l’entièreté de Staten Island a lui seul, mais Nate préfère s’en charger et Ale se concentre donc sur la petite tête qui l’accompagne. Si on ajoute à cela Ricardo qui débarque avec sa tequila (et son mari), cela promet de belles heures de rigolade. Des flics passé vingt-deux heures aussi, mais détail. Parfois Alejandro se félicite d’avoir épousé un avocat. Alejandro ne résiste pas à l’envie de prendre Emma dans ses bras et se laisse accoster par la drama queen du jour dans un état de nervosité avancé.

Alejandro hausse un sourcil et continue en espagnol pour plus d’intimité. Il a toujours détesté parler anglais avec Ricardo, qui pour une raison qui lui échappe un peu s’y essaye comme si il avait quelque chose à prouver.

- Tu as ramené Sebastian tiens, quelle idée géniale, ça promet.

Alejandro ne peut pas s’empêcher d’être sarcastique, Rico a l’habitude, et vu la situation, cela s’impose incontestablement.

- Il faut que je demande à Nate de l’occuper et que je l’éloigne le plus possible d’Anje c’est ça ?

Autant fixer les règles dès le départ. Alejandro gère le drame, mais il apprécie aussi de l’éviter quand c’est possible.